«Suicide collectif, p*tain de désastre, un sacré exemple de bêtise»: nouvelles révélations dans une réunion tendue des présidents de Ligue 1
Une réunion sous tension. Organisée le 14 février 2025, soit sept mois pile après la précédente réunion en juillet dernier où l’affaire «cow-boy» entre Nasser Al-Khelaïfi et John Textor avait éclaté au grand jour, une nouvelle visioconférence a eu lieu en ce jour de la Saint Valentin, et ce n’était pas le grand amour entre les présidents. Alors en pleine période de crise de droits TV pour la Ligue 1 avec DAZN, le collège du championnat français s’est de nouveau réuni, avec des informations dévoilées par le réalisateur de Complément d’enquête, Fabien Touati, ce lundi dans l’After foot.
Organisée autour des thèmes du non-paiement de la dernière échéance de DAZN, des droits TV, ou encore d’un potentiel plan B, cette réunion, marquée par une tension générale de la part de chaque président, a été animée par l’emportement de Waldemar Kita, président du FC Nantes.
Si on n’a pas de plan B, on est mort. Depuis le départ, ce contrat c’est de la merde.
Waldemar Kita
«Je ne suis pas du tout content de la façon dont les choses se passent. Je ne suis pas du tout content de la façon dont tu nous expliques, Jean-Pierre (Caillot, président du Stade de Reims et membre du Conseil d’administration de la Ligue de football professionnel en tant que représentant des clubs de Ligue 1) comment on va être payés. On en a ras le bol d’entendre tout ça. (…) Aujourd’hui, on ne sait pas où on en est au niveau des finances. Jean-Pierre, c’est bien gentil, tu es le représentant des présidents du collège de Ligue 1, mais aujourd’hui je ne vois pas quelle est la philosophie de la Ligue», introduit le Franco-Polonais.
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Mécontent de la situation, et de la réponse évasive de Caillot, il surenchérit : «Tu as un rôle, remplis-le. C’est tout. On te demande des explications. On ne t’emmerde pas depuis des mois. On est en train de nous conduire à un suicide collectif. Voilà ce que je suis en train de te dire. Et personne ne bouge, personne ne bouge»
Une prise de parole du président des Canaris qui donne le ton de la réunion, lui qui s’est également exprimé quant à un potentiel plan B, sur le manque de fonds et d’abonnements de la chaîne britannique DAZN : «Si on n’a pas de plan B, on est mort. Depuis le départ, ce contrat c’est de la merde».
Une position plutôt partagée par le collège de Ligue 1, «DAZN, pourquoi c’est au tribunal? Parce qu’ils ont fait de la merde depuis le début. Et ils continuent d’en faire. Ils se sont gourés sur leur business plan. Ce sont les seuls au monde qui imaginaient faire 1,5 million d’abonnés avec le produit de daube qu’ils nous livrent» révèle quant à lui, Jean-Michel Roussier, président du Havre mais fortement contestée par Arnaud Rouget, représentant de la LFP. En effet, ce dernier rappelle l’existence d’une clause empêchant la négociation avec d’autres diffuseurs avant l’échéance du contrat au mois de décembre.
Très critique envers le diffuseur britannique, l’ensemble des présidents, à l’image du Lillois Olivier Létang, s’aligne sur l’avis de son homologue havrais indiquant : «La façon de procéder de DAZN est quand même très, très moyenne. Je suis d’accord que l’on ne peut pas garder un partenaire comme celui-là qui a un produit qui est catastrophique. Et donc il faut se préparer...».
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«Un sacré exemple de bêtise collective»
Marquée ensuite par un long blâme du président lensois Joseph Oughourlian, le numéro un des Sang et Or s’est montré très radical quant au bilan de DAZN et sur l’élaboration d’un potentiel plan B : «On s’est tout de suite rendu compte que ce deal ne faisait pas de sens. Et qu’on allait à la catastrophe. Et à l’époque on avait demandé, dans mon cas supplié, les gens de la LFP de travailler sur un plan B. Mais je pense honnêtement, avec ce qui vient de se passer, qu’on est dans le plan B (...) Il faut penser au plan B rapidement.».
Revenu également sur les décisions de la LFP, le fondateur d’Amber Capital s’est montré très critique envers l’instance du football français : «Tout le monde sait qu’il y a une petite clique, dont tu fais partie Jean-Pierre (Caillot, NDLR) qui, disons-le, contrôle l’information, contrôle la gouvernance. Cette petite clique, si elle était éclairée, et si elle avait pris les bonnes décisions, si on était dans une autre situation, on serait tous là à vous applaudir. À l’évidence, ça n’a pas été le cas. On parle souvent d’intelligence collective mais dans notre cas, excusez-moi messieurs, on est quand même sur un sacré exemple de bêtise collective».
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Des propos très crus, mais le Lensois ne s’est pas arrêté à ce stade, lui qui a poursuivi son monologue sur le bilan comptable de la chaîne britannique : «Pour que ce soit clair, 400.000 ou 500.000 abonnés, ça valorise nos droits de 150 à 200 millions d’euros. Pour que ce soit clair pour tout le monde: c’est à peu près ça, la valeur de nos droits aujourd’hui. Grâce aux décisions de notre petite clique éclairée qui derrière a convaincu le collège Ligue 1. Voilà où on en est.»
Enfin, Oughourlian a conclu sur une note très salée pour l’organisation dirigée par Vincent Labrune : «A 400.000 abonnés, faites les maths… Je ne sais pas quoi dire devant l’étendue des dégâts. C’est difficilement compréhensible ce qui a été voté. DAZN, la clause de deux ans... Moi je pense qu’aujourd’hui, le management de la Ligue, Vincent Labrune en particulier, le management du Collège, Jean-Pierre Caillot, ont une responsabilité très importante dans ce putain de désastre qui est le nôtre. J’aimerais bien que ces gens-là prennent leurs responsabilités mais c’est beaucoup trop leur demander. Je vous en supplie, parce que c’est mon fric perso que je mets dans le club : travaillez à un plan B avec des gens compétents.»