Le camembert est aussi indissociable de la Normandie que de sa fameuse boîte en bois agrafée. Mais l’un des fleurons de ce type d’emballage va bientôt disparaître : l’usine Cibem à Saint-Pierre-en-Auge, dans le Calvados. Le groupe Snec a annoncé mardi dans un communiqué son projet de «cessation totale et définitive de son activité» du fait d’une «situation économique déficitaire persistante». Pas moins de 104 employés sont concernés. Le site était, selon François Aubey, président de l’Intercommunalité Lisieux Normandie, le deuxième employeur privé de la commune.
Jacky Marie, le maire de Saint-Pierre-en-Auge, n’hésite pas à parler de «drame». «Sur les 104 salariés, 60 habitent dans un rayon de dix kilomètres autour de l’usine. Humainement, c’est très dur à vivre», explique-t-il. La direction du groupe promet d’«accompagner chaque salarié, en proposant des solutions de reclassement local en interne, et en identifiant des opportunités externes». Mais le maire craint que pour la plupart, la reconversion soit «difficile», sans parler des problèmes de mobilité. Un cabinet indépendant a été chargé de trouver un repreneur.
Passer la publicitéUne institution depuis 1885
Rachetée en 2011 par le groupe Lactalis alors qu’elle était en liquidation judiciaire, l’usine a bénéficié de «25 millions d’euros» d’investissements industriels ainsi que de «soutiens financiers réguliers», affirme le groupe. Cela n’a pas suffi à «compenser une perte de compétitivité et une baisse continue des commandes». «Le prix de toutes les matières premières a flambé: le carton, le bois, etc», avance Jacky Marie, qui a lui-même travaillé dans l’usine pendant dix ans. C’est en tout cas un coup d’arrêt brutal pour cette véritable institution, présente depuis 1885.
Qu’elles soient «agrafées» ou «collées», toutes les boîtes en bois de l’usine Cibem étaient fabriquées avec du peuplier. Elles s’adressaient principalement aux professionnels de la fromagerie pour le camembert, le livarot, le brie ou encore le fromage de chèvre. En plus des marques de Lactalis telles que Président, Bridel ou Lanquetot, «la Cibem», comme elle était surnommée dans la région, fournissait également Bongrain, Hochland, Isigny Sainte-Mère ou encore Maitre Jacques.
Il se murmure que Lactalis pourrait se tourner vers les emballages du groupe Lacroix, basé dans le Jura. C’est un concurrent de poids du groupe Snec puisqu’il possède 31 sites répartis partout dans le monde. Contacté à ce sujet, un porte-parole de Lactalis affirme que certaines marques travaillent déjà avec ce fournisseur.