Murakami, Atwood, Krasznahorkai... Les favoris pour le Nobel de littérature 2025

Qui succédera à la Sud-Coréenne Han Kang au palmarès du prix Nobel de lttérature ? C’est ce jeudi 9 octobre, que l’Académie de Suède rendra son verdict. En attendant, les paris vont bon train. Tout pourrait se jouer entre le Japonais Haruki Murakami, pressenti depuis des années, l’Australien Gerald Murnane (né en 1939), le Hongrois László Krasznahorkai et la Chinoise Can Xue (mais deux Asiatiques de suite, cela paraît peu probable), donnés favoris pour cette nouvelle édition par la majorité des pronostiqueurs anglo-saxons.

Auteur de romans à succès traduits dans une cinquantaine de pays, Haruki Murakami, âgé de 76 ans, n’a jamais caché son admiration pour des auteurs aussi divers que Kafka, Kurt Vonnegut, Raymond Chandler ou son compatriote Natusme Sôseki. Amateur de jazz, coureur de marathon (voir son essai autobiographique Autoportrait de l’auteur en coureur de fond), l’auteur japonais le plus lu dans le monde, tout en racontant des histoires simples, a écrit des romans empruntant aussi bien au polar, au monde de l’onirisme, qu’au surréalisme. Quelques titres : La Ballade de l’impossible, Kafka sur le rivage, et la trilogie 1Q84, best-seller international.

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S’il était élu par les académiciens suédois, Gerald Murnane serait le second lauréat australien du Nobel de littérature, après une première consécration pour Patrick White, en 1973. Quasi inconnu en France, où il a été peu traduit, Murnane a publié des romans pour la plupart d’inspiration autobiographique, dont Les Plaines en 1982, des recueils de nouvelles et des essais, entrecoupés d’une longue période de silence entamée à la fin des années 1990.

Également en pole position : László Krasznahorkai, dont le nom revient régulièrement depuis une dizaine d’années. Ami du Nobel Imre Kértesz et compatriote de Péter Nadas (également nobélisable), il avait reçu le prestigieux Man Booker International Prize en 2015. On lui doit notamment Le Tango de Satan et Guerre & guerre. Il avait reçu les éloges de Susan Sontag, le qualifiant de « maître contemporain d’une apocalypse qui inspire les plus justes comparaisons avec Gogol et Melville ». Ses romans où domine une certaine noirceur ont été traduits aux éditions Gallimard, Actes Sud et Cambourakis.

Un pied-de-nez aux bookmakers ?

Pratiquant pour son palmarès l’alternance homme-femme depuis 2018, l’académie suédoise devrait donc écarter cette année les romancières favorites des précédentes éditions, à savoir Can Xue, et surtout la Canadienne Margaret Atwood, âgée de 85 ans, qui s’apprête à publier ses Mémoires (Book of Lives: A Memoir of Sorts) et l’Américaine Joyce Carol Oates, ces deux dernières semblant victimes du syndrome « Philip Roth », régulièrement pressenties, jamais choisies. Cela étant, on n’est pas à l’abri d’une surprise ou d’un pied de nez aux bookmakers. En manque d’imagination et d’inspiration, les jurés avaient ainsi élu Bob Dylan, en 2016, lequel n’avait pas même pris la peine de se rendre à Stockholm pour recueillir ses lauriers, et c’était son amie Patti Smith qui s’en était chargée.

Du côté des outsiders, on notera le retour de l’Américain Thomas Pynchon, auteur de Vineland et de Vice caché, et qui vient de publier un nouveau roman après douze ans de silence (Shadow Ticket), la présence de l’Espagnol francophile Enrique Vila-Matas, l’arrivée impromptue de la Mexicaine Cristina Rivera Garza, et l’obstination du meilleur écrivain roumain vivant, Mircea Cărtărescu, 69 ans, auteur du délirant Solénoïde et de Melancolia.

Et quid des autres ? Les Antonio Lobo Antunes, Salman Rushdie (qui aurait dû être couronné au moment des Versets sataniques et de la fatwa ou après l’attentat islamiste dont il a été victime en 2022), Claudio Magris ? Et de la Russe Lioudmila Oulitskaïa, opposante à Poutine et exilée à Berlin, de Michel Houellebecq, relégué dans les profondeurs du classement, aux côtés du Brésilien Milton Hatoum ? Le Brésil, justement. Deux pays de grande tradition littéraire ont jusque-là été négligés depuis 1901 par les académiciens suédois, lesquels n’avaient pas jugé bon de récompenser en son temps, le grand Jorge Amado : le Brésil et Cuba.

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Dans quelle mesure les jurés du Nobel seraient-ils prêts à déjouer les pronostics ? ou à s’y conformer ? Réponse ce jeudi, à 13 heures précises, depuis Stockholm, dans les salons de l’institution, rue Källargränd.