REPORTAGE. Tour de France 2025 : à Montmartre, la Grande Boucle a ressuscité la ferveur olympique
Montmartre : Paris réussi. En intégrant la triple ascension de la rue Lepic au menu de sa dernière étape, avant l'arrivée sur les Champs-Elysées, dimanche 27 juillet, le Tour de France voulait raviver le souvenir des Jeux olympiques de Paris, qui avaient ouvert la voie sur la rue Lepic. Mais la Grande Boucle a fait plus fort que cela. Alors que cette initiative divisait notamment le peloton, elle a accouché d'une ferveur populaire encore plus ahurissante que lors des courses en ligne des JO 2024.
"Montmartre va faire rayonner encore plus le Tour de France et ses champions", anticipait Christian Purdhomme en mai. Le directeur du Tour de France a vu juste. Noire de monde, la butte Montmartre s'est enflammée pour le passage de la Grande Boucle, encore plus que pour le galop d'essai olympique de l'été 2024. Une journée de folie, qui a sûrement ouvert une nouvelle tradition. Car si l'on fête ce dimanche les 50 ans de l'arrivée sur les Champs-Elysées, on fêtera sans doute ceux du passage par Montmartre en 2075, vu le spectacle du jour.
Repérages, glaces & JO
À première vue, ce dimanche n’avait pourtant rien d’historique, sur la butte Montmartre. Sous un ciel gris, les touristes affluaient vers le Sacré-Coeur, suivant des guides qui récitaient leur texte machinalement dans leurs micros. Riverains en plein déménagement, footing matinal, rien d'exceptionnel... Seul indice de la journée de folie qui allait suivre : un camion estampillé Tour de France, garé au pied du Sacré-Coeur.
"Pourquoi ils sont là ?", s'interrogeait une touriste espagnole. "Ils refont les Jeux olympiques !", lui répondait en souriant un riverain, tout heureux de voir la Grande Boucle escalader la rue Lepic trois fois, comme l’ont fait les courses olympiques de cyclisme à l’été 2024. "Ça nous rappelle des beaux souvenirs, on a hâte de les revivre !", ajoutait-il, accompagné par une mélodie d’accordéon un brin cliché. Le violoniste de la place des Abbesses jouait son répertoire habituel, tandis que les magasins de souvenirs de la rue Steinkerque déballaient tout leur stock de produits dérivés à la gloire de la Grande Boucle. "La caravane passe à quelle heure ?", nous interpellait un passant, déçu d’apprendre que cette dernière arrêtait sa course aux Champs-Elysées, sans emprunter la boucle sur la Butte.
Depuis une semaine, Elouan, Breton à peine majeur et ses parents, suivent la route du Tour, et ont donc pu faire le plein de goodies : "Paris était sur notre route du retour, donc on ne pouvait pas rater Montmartre. On est arrivé ce matin pour visiter, avant d’essayer de trouver une place dans la rue Lepic, et de descendre vite aux Champs-Elysées pour voir le podium", expliquait-il, pancarte à la gloire de Kévin Vauquelin dans le dos.
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Dès les premières lueurs du jour, la rue Lepic avait été prise d'assaut. "J'ai loupé les JO, je ne voulais pas loupé le Tour ! On est arrivé à 8 heure ce matin, avant même qu’ils installent les barrières, mais on n’était pas les premiers", témoignait ainsi Laurent, quinquagénaire venu de Colombes, après avoir fait le repérage des lieux la veille, pour trouver la meilleure vue. D'autres, comme Ronan, étaient déjà là pour la course olympique : "On était quelques mètres plus bas, sur le trottoir d'en face. On voulait revivre cela, même s'il a fallu se lever très tôt", expliquait le Breton.
INTER
Déjà au bord de la route pour l’arrivée à Mûr-de-Bretagne, en début de Tour, la bande de Bretons salivait d'avance : "L’ambiance promet d’être aussi belle, tout est en place pour revivre la même journée de folie en tout cas, avec, on l’espère, un Français en premier. L’année dernière il y avait beaucoup de Belges et de Néerlandais, cette année c’est nous les Bretons qui envahissons Paris".
Sur le pavé, une soixantaine de bénévoles s’affairait pour fluidifier le trafic piéton, accompagnée de dizaines de policiers. Un an après le joyeux bazar de la rue Lepic, où la foule s’était dangereusement entassée, les événements étaient, cette fois, mieux encadrés. Ce qui n'a pas empêché la foule d'être plus nombreuse encore que lors des JO, quand les supporters étrangers avaient transformé les marches de la basilique en stade de foot.
"J’ai vu les images des JO, j’ai dit à mon épouse qu’on ne pouvait pas louper ça. On est venu pour deux jours en famille. On a déjà fait Mûr-de-Bretagne, c’était comme l’Alpe d’Huez. Et ici ça va être encore plus fou."
Thierry, 59 ansà franceinfo: sport
Tout au long de l'après midi, la foule n'a fait que grossir. Le vacarme sonore avec. Certains s'essayaient même au ski sur les pavés rendus glissant par la pluie, invitée surprise en fin d'après-midi. Puis la patrouille de France et les premiers véhicules officiels ont fait monter la température d'un cran, vite suivis par les hélicoptères. Un échauffement, avant l'éruption de la butte Montmartre, en folie au premier passage du peloton.
D'autant que c'est Julian Alaphilippe qui s'est offert le luxe de passer en tête, histoire de sublimer encore un peu plus ce final d'ores et déjà mythique. Le maillot jaune Tadej Pogacar l'a ensuite imité lors du deuxième passage, donnant des airs de triomphe romain à la rue Lepic, devenue une fournaise digne des plus grands cols alpins le temps d'une journée. Mais sur les Champs-Elysées, c'est le Belge Wout Van Aert qui a levé les bras, pour la deuxième fois de sa carrière ici, en ayant pris le dessus de manière magistrale sur le Slovène dans la troisième ascension de la rue Lepic. Si les photos seront moins belles que celles des Jeux, à cause de la pluie, la fête, elle, était encore plus réussie. En attendant l'année prochaine ?