Après le départ de Natacha Polony, l’hebdomadaire Marianne opère une refonte de l’intérieur
En attendant la prise de fonction du nouveau directeur de Marianne, Frédéric Taddéi, le 1er mars, le groupe CMI, propriétaire du titre, a annoncé de nouveaux changements dans la rédaction. La journaliste Eve Szeftel, en provenance du quotidien Libération, a été nommée directrice de la rédaction. CMI France affirme ainsi « sa détermination à progresser rapidement dans la transformation de Marianne », a fait savoir le groupe dans un communiqué.
Assistée d’Hadrien Mathoux, rédacteur en chef du service politique, la journaliste, qui depuis 2021 couvrait les sujets de société à Libération, est aussi connue pour avoir publié en 2020 Le maire et les barbares, une enquête décrivant, sur fond de pratiques clientélistes, les liens troubles entre l’ancien maire UDI de Drancy Jean-Christophe Lagarde, la mairie de Bobigny également dirigée par un UDI, Stéphane de Paoli, des islamistes et des voyous.
Passé par Russia Today France
Présumée de « gauche laïcarde » par Denis Olivennes, président du conseil de surveillance de CMI France, elle fonctionnera en contrepoint de Taddéi, qualifié par le même d’« agitateur culturel reconnu, héritier de Jean-François Bizot, et dont la nomination est approuvée par Jean-François Kahn », cofondateur de Marianne en 1997.
Rappelons qu’il a également animé Ce soir (ou jamais !) jusqu’en 2016 et intervient sur Europe 1 depuis 2005. Il a également animé l’émission Interdit d’interdire sur Russia Today France, branche française de la chaîne russe, avant qu’elle soit accusée de faire la propagande de la Russie, et qu’elle soit interdite dans l’Union européenne, RT France fermant à la suite du gel de ses avoirs.
Des ré agencements de postes
Ce ne sont pas les seuls changements annoncés pour l’hebdo propriété du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky (par ailleurs propriétaire de Elle, Télé 7 Jours, Franc-Tireur, Ici Paris, France Dimanche, et du numéro deux français de l’édition, Editis). Gérald Andrieu, qui jusqu’ici dirigeait la cellule enquête après l’avoir créée, perd son poste de directeur adjoint. Idem pour Frank Dedieu, spécialiste de l’économie, qui occupait le même poste.
Tous deux doivent encore négocier leur place dans le nouveau dispositif. Ce ne sera pas le cas de l’actuel directeur adjoint de la rédaction, Jack Dion. L’ancien journaliste de l’Humanité, pilier de la rédaction depuis le début de l’aventure Marianne, est, lui, invité à partir à la retraite.
Le soutien de Frank Dedieu et Gérard Andrieu au projet de reprise du titre par « un quatuor issu de l’économie sociale et solidaire composé du fondateur du cabinet Technologia Jean-Claude Delgènes, du président de la coopérative UpCoop Youssef Achour, du président de la Confédération générale des Scop et des Scic Jacques Landriot et de l’informaticien Mathieu Pouydesseau » a-t-il quelque chose à voir avec leur rétrogradation, s’interroge le site économique La Lettre ?
Toujours est-il que Denis Olivennes a déclaré en CSE rapporte encore le site, que leur changement de fonction n’en est « pas la conséquence ». Les pontes de l’ESS avaient fait une offre suite à l’échec des propositions du milliardaire proche de l’extrême droite catholique Pierre-Edouard Stérin et de l’entrepreneur Jean-Martial Lefranc, qui faisaient craindre à la rédaction une perte d’indépendance éditoriale. CMI France a annoncé que l’offre du quatuor serait examinée si elle est « sérieuse, financée et au bon niveau de valorisation ».
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