En Corée du Sud, l'opposition dénonce un "deuxième coup d'État" du parti au pouvoir

 

L'opposition en Corée du Sud refuse de laisser le Parti du pouvoir au peuple (PPP) s'accrocher au sommet de l'État. Park Chan-dae, le chef du Parti démocrate au Parlement, a accusé lundi 9 décembre le PPP d'organiser un "deuxième coup d'État" en refusant de destituer le président Yoon Suk-yeol, poussé vers la sortie après son éphémère loi martiale, et en se rendant coupable de manoeuvres "illégales et anticonstitutionnelles" pour continuer à gouverner.

La Corée du Sud a plongé dans le chaos politique mardi soir, quand Yoon Suk-yeol a proclamé par surprise la loi martiale, avant d'être obligé de l'abroger six heures plus tard, sous la pression du Parlement et de la rue.

Une motion de destitution contre lui a été soumise au vote des députés samedi mais elle a échoué, son Parti du pouvoir au peuple (PPP) ayant boycotté et fait invalider le scrutin faute de quorum.

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Le PPP a ensuite expliqué avoir "obtenu" de Yoon Suk-yeol, en échange de ce blocage, sa "promesse" qu'il se retirerait et qu'il laissait la gouvernance à sa formation ainsi qu'au Premier ministre.

"Peu importe la manière dont ils tentent de le justifier (...) c'est un deuxième acte de rébellion et un deuxième coup d'État, illégal et anticonstitutionnel", a tonné Park Chan-dae.

"Une rébellion dangereuse et illégale" fustigée par le chef du Parti démocrate

La Constitution sud-coréenne dispose que le président reste le chef du gouvernement et des armées sauf s'il est dans l'incapacité d'assumer ses fonctions (s'il tombe dans le coma par exemple), démissionne ou est destitué. Dans ces cas-là, son autorité est remise au Premier ministre jusqu'à la tenue d'une nouvelle élection.

Affirmer que Yoon Suk-yeol peut demeurer à son poste, tout en abandonnant ses pouvoirs au Premier ministre et au PPP, est "une violation flagrante de la Constitution, sans aucune base légale", a fustigé Park Chan-dae.

"Han Dong-hoon et le Premier ministre Han Duck-soo, qui n'ont aucune autorité constitutionnelle, tentent de s'emparer du pouvoir, poursuivant une rébellion dangereuse et illégale", a fustigé Jeon Hyun-hee, députée du Parti démocrate.

Han Dong-hoon "s'est aligné avec le crime de rébellion et n'est plus qualifié pour être le chef du parti au pouvoir", a-t-elle poursuivi, qualifiant le Premier ministre de "conspirateur" qui "doit démissionner".

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Yoon Suk-yeol reste le chef des armées

Yoon Suk-yeol est visé par une enquête de la police pour "rébellion".

Les autorités ont déjà arrêté l'ex-ministre de la Défense en poste pendant les troubles de mardi à mercredi, perquisitionné son bureau, mis plusieurs responsables sous le coup d'une interdiction de quitter le territoire et convoqué lundi le commandant de l'éphémère loi martiale pour l'interroger.

Le président Yoon lui-même pourrait être convoqué, a indiqué la police lundi, ajoutant qu'elle "réfléchit" à lui interdire de quitter le territoire, en pleine accélération des investigations.

La police mènera ses recherches "en conformité avec la loi et les règles, sans aucune exception", a assuré Woo Jong-soo, chef des enquêtes de la police nationale.

Lundi, le ministère de la Défense a néanmoins affirmé que Yoon Suk-yeol restait à la tête de l'appareil sécuritaire du pays, soulignant la complexité de la situation politique.

"Légalement, (le contrôle des forces armées) est actuellement entre les mains du commandant en chef (Yoon)", a dit Jeon Ha-kyou, porte-parole du ministère.

Avec AFP