Ce n’est pas tout à fait une entreprise comme les autres, et c’est peut-être pour cela que les salariés vivent la situation aussi mal. Depuis sa création, en 1889, le groupe Michelin s’est toujours fait le chantre d’une forme de « paternalisme » patronal, à la fois pour fidéliser sa main-d’œuvre au sein de ses usines mais aussi pour consolider son aura au-delà. Le dernier avatar en date fut le « salaire décent », que s’engageait à verser le groupe à la totalité de ses travailleurs dans le monde et qui fit l’objet d’un déluge de communication en 2024.
C’est dire si, depuis plusieurs mois, les salariés ont du mal à avaler la pilule. Non content d’annoncer un plan de suppressions d’emplois monstre de 1 254 postes, la direction est accusée par les salariés de sous-dimensionner le PSE, en proposant des sommes trop faibles.
« lls vous foutent à la porte et ils vous donnent moitié moins ! »
Pour l’instant, le chèque de départ atteint 40 000 euros d’indemnité de licenciement « supra-légale », à laquelle vient s’ajouter un montant de 500 euros par année d’ancienneté. Les syndicats réclament pour leur part au moins 70 000 euros de supra-légale.
« Ce montant est brut, précise Christophe Villate, délégué CGT sur le site de Vannes (Morbihan, l’un des deux sites menacés de fermeture, avec Cholet). Il faut donc retirer 22 % pour savoir ce qu’on va réellement toucher. C’est tellement faible que lorsque nous l’avons annoncé aux salariés, ils ont décidé de bloquer l’usine pendant une semaine et demie. »
Le syndicaliste précise que les départs à la retraite chez Michelin donnent droit à 1 000 euros par année d’ancienneté. « Là, ils vous foutent à la porte et ils vous donnent moitié moins ! » enrage-t-il. Il précise par ailleurs que la moyenne d’âge dans l’usine tourne autour de 47 ans, pour vingt-sept années d’ancienneté : une moyenne d’âge élevée, qui fait craindre aux futurs licenciés des difficultés à retrouver un emploi.
Ils ont appris la fermeture de leurs usines un dimanche devant la TV
Ce mercredi 5 février, les salariés du groupe sont appelés à converger devant le siège social du groupe, situé à Clermont-Ferrand, pour protester contre un PSE jugé indigne. Fait rare, tous les syndicats (CGT, CFDT, CFE-CGC, SUD et FO) s’y sont mis, dénonçant dans un communiqué commun « l’incapacité de Michelin à comprendre le préjudice subi par les salariés de Vannes et Cholet ».
Avant de préciser : « Rappelons que ces salariés ont appris la nouvelle de la fermeture de leurs usines un dimanche devant la TV. Ces usines sont économiquement viables. Leurs fermetures ne reposent pas sur des nécessités économiques mais sur une stratégie de création de valeur pour les actionnaires. »
C’est évidemment un point décisif pour comprendre la colère des salariés : le groupe a décidé de verser 1,4 milliard d’euros à ses actionnaires pour le compte de l’année 2023, selon les estimations de syndicats. De son côté, la direction confirme son intention d’augmenter son taux de distribution de dividendes (par rapport à ses bénéfices), à 50 % en 2030.
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