Festival chrétien à Nice : la subvention de la mairie suscite la controverse, le préfet débouté

Le festival «1000 raisons de croire» porte-t-il gravement atteinte à la laïcité ? Non, a tranché samedi 11 octobre, le juge des référés du tribunal administratif de Nice, déboutant la demande du préfet des Alpes-Maritimes. La première édition de ce festival, organisée par son association éponyme, s’est tenue du 4 au 12 octobre sur la Côte d’Azur, sous un ciel sans encombre mais où planait encore la controverse, née au début du mois au conseil municipal de la Ville. Retour en arrière.

Nous sommes alors le 1er octobre ; c’est la date à laquelle la commune de Nice approuve l’attribution d’une subvention à l’association «Le Festival 1000 raisons de croire». L’événement, en coproduction avec son magazine éponyme et proche de la sphère Bolloré, ambitionne «d’évoquer toute la richesse de ce que le Christianisme a offert au monde, au travers de milliers d’œuvres caritatives, artistiques, architecturales, littéraires et musicales, en invitant les jeunes à découvrir cet héritage, à se l’approprier et à le transmettre», selon les mots de son propre site. Et ce, à l’occasion d’une double célébration : la fête de la Sainte Réparate, martyre du IIIe siècle et patronne de la ville de Nice, et celle de Notre-Dame-du-Rosaire. Le programme prévoit conférences et tables rondes, concerts gospel et expositions au village du festival ainsi que deux concours pour les jeunes autour du thème «Raconte-moi ta raison de croire».

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«Prosélytisme religieux»

Si la mairie insiste sur une «aide indirecte» avec la mise à disposition de son Centre Universitaire Méditerranéen, l’opposition grince des dents et proteste face à cette aide évaluée à 15.000 euros. La présidente du groupe écologiste, Juliette Chesnel-Le Roux, dénonce même «un prosélytisme religieux» quand le maire Christian Estrosi lui rétorque : «Si vous avez zéro raison de croire, moi je trouve que 1000, c’est insuffisant !» «Moi, j’ai 10.000 raisons de croire !», a lancé l’édile, applaudi par sa majorité.

Le préfet Laurent Hottiaux, quant à lui, a cru avoir une bonne raison de saisir le juge des référés du tribunal administratif de Nice d’un «déféré laïcité», déposé jeudi 9 octobre au soir. Le représentant de l’État, interpellé par l’opposition, a souhaité dans la foulée la suspension de ladite délibération qu’il considère comme «illégale en tant qu’elle constitue une liberté prohibée», en référence à la loi de 1905. Pour obtenir cette suspension, «une seule condition doit être remplie», précise le tribunal, «il doit exister un doute sérieux quant à la légalité de la décision attaquée en raison de l’atteinte grave aux principes de laïcité et de neutralité des services publics». Lors de l’audience vendredi matin, la ville de Nice a parlé d’une «manifestation culturelle, et non culturelle», dont le coût total apporté n’aurait été que «de 6638, 75 euros».

«Plutôt une dimension de transmission»

Le juge des référés a finalement estimé que les conférences du festival, hébergées dans le centre municipal, n’avaient «pas par essence une vocation prosélyte, mais présentaient plutôt une dimension de transmission du savoir autour d’une réflexion historique et philosophique sur le thème de la foi religieuse». Il relève toutefois que l’association «“Le Festival 1000 raisons de croire” vise à la revendication d’une opinion religieuse» mais «n’a pas pour objet l’exercice du culte». La requête du préfet a donc été rejetée. Ce dernier dispose de 15 jours pour faire appel de cette décision devant le conseil d’État. Une somme de 1000 euros devra également être versée à la commune. «Cette décision vient rappeler une évidence : défendre la laïcité, ce n’est pas interdire la foi ni censurer le dialogue entre culture, art et spiritualité», s’est immédiatement félicité Christian Estrosi.