«Il a le sentiment de servir à quelque chose» : Le Pen accuse Macron de «télé-diplomatie» dans la guerre en Ukraine
Pas d’union nationale pour le RN. Près d’une semaine après l’allocution télévisée d’Emmanuel Macron, au cours de laquelle il a longuement mis en garde l’opinion contre la «menace russe», Marine Le Pen a accusé ce mardi le président de la République de «jouer avec les peurs» alors le «principal» danger pour le pays serait le «terrorisme islamiste», lors d’une conférence de presse organisée en marge d’une visite de l’EPR de Flamanville (Manche). Un argumentaire qu’elle avait déjà développé vendredi dernier dans un long entretien au Figaro .
«Il n’y a pas un Français qui n’a pas compris» que le chef de l’État, «avec un ton très martial», «explique quasiment qu’il faut transformer les usines de Kleenex en usines d’armement parce que la guerre est pour demain», a grincé la chef de file des troupes nationalistes à l’Assemblée, accusant son ancien adversaire des présidentielles de 2017 et 2022 d’être dans «une posture». Et la députée du Pas-de-Calais de «trouver un peu regrettable» de «passer d’un extrême à l’autre en matière de diplomatie et de défense des intérêts de la nation», appelant l’exécutif à «être constant» dans ses positions vis-à-vis de ses alliés.
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En parallèle des discussions qui tiennent entre les diplomates américains et ukrainiens en Arabie saoudite pour parvenir à un accord avec Moscou et tenter de mettre fin à la guerre, Marine Le Pen a déploré que «les États-Unis et la Russie soient en train de préparer la paix sans que les pays européens ne soient à la table.» «C’est une perte d’influence majeure pour la France, beaucoup plus que d’autres pays européens qui n’ont jamais eu de positionnement dans ce domaine», a épinglé l’ancienne patronne du RN. Pour éviter que «tout ça lui échappe», Emmanuel Macron se démultiplierait dans tous les sens : «Il va parler au “20 heures”, dit des mots très forts, il prend un air martial parce qu’il a le sentiment ainsi de reprendre la main, d’avoir une place, de servir à quelque chose.»
«La diplomatie doit être discrète»
Une communication qui s’apparente, selon la députée nationaliste, à de la «télé-diplomatie». Stratégie que le chef de l’État «adore» et «partage» avec Donald Trump. «On fait de la diplomatie devant toutes les caméras, c’est redoutablement inefficace : la diplomatie doit être discrète voire secrète», a-t-elle encore persiflé en référence à l’altercation historique retransmise dans le monde entier entre le président américain et son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, dans le Bureau ovale.
Outre la charge contre Emmanuel Macron, Marine Le Pen a annoncé refuser de signer une proposition de résolution en soutien à Kiev, qui doit être examinée mercredi après-midi à l’Assemblée nationale, envisageant notamment la saisie des avoirs russes par l’Union européenne : «Je connais la technique (...) on fait une belle résolution, soutien à l’Ukraine, et à l’intérieur, on vous glisse toute une série de choses dont on sait pertinemment que vous y êtes fondamentalement opposée.»