La littérature mondiale a rendez-vous à Nantes

Cela fait treize années que chaque mois de mars, Nantes accueille tous les écrivains du monde. Atlantide, l’une des plus belles manifestations littéraires, avait été lancée sous l’égide d’Alberto Manguel, écrivain-monde, s’il en est. Et depuis 2018, Alain Mabanckou, l’auteur du bien-nommé essai Le monde est mon langage, Prix Renaudot en 2006, en a pris la direction artistique. Au fil des éditions, ce Festival est devenu un peu à part : il reste, à notre connaissance, celui qui s’ouvre le plus sur la littérature du monde entier. Ainsi, du 6 au 9 mars, la capitale de la Loire-Atlantique, accueillera 57 écrivains et artistes, et pas moins de 25 nationalités seront représentées.

« Par la puissance évocatrice des littératures, les écrivains et les artistes d’Atlantide donnent à voir notre monde, les sociétés qui l’habitent, le préservent, l’abîment ou le subliment », souligne l’organisation. Pendant ces quatre jours, le festival fourmillera de conversations, de débats, de rencontres, et d’échanges dans les établissements scolaires autour d’un thème. Le but est toujours le même, peut-être plus nécessaire encore aujourd’hui : explorer encore et encore des sujets du monde contemporain et de la création littéraire avec curiosité et gourmandise. Plus de 90 rencontres auront réparties dans 20 lieux d’accueil dont une soixantaine au Lieu Unique (dit « LU », installé sur l’ancienne usine des biscuiteries du même nom, un endroit formidable).

Une soirée contre la censure

Impossible de citer tous les auteurs présents. Parmi eux : Miguel Bonnefoy (France-Vénézuéla), Hemley Boum (Cameroun), Ananda Devi (France-Île Maurice), Sarah Chiche (France), Delphine Minoui (France, grand reporter au Figaro), Sang Young Park (Corée), Adeline Dieudonné (Belgique), Diadié Dembele (Mali), Lucy Mushita (France/Zimbabwe), Bernardo Carvalho (Brésil)… « Grâce à Atlantide, les mots du monde résonnent dans toute la ville de Nantes », est-il annoncé fièrement.

Par ailleurs, et c’est un point important. Chaque année, Atlantide défend la liberté des expressions et des imaginaires, à l’image d’une littérature-monde bouillante et attrayante. Cela est symbolisé par l’un des temps forts de la manifestation, avec l’organisation d’une soirée contre la censure (conçue en partenariat avec le PEN club français), qui invite à la découverte de textes méconnus, voire inconnus, car censurés lors de leur parution. « Une façon de célébrer ce droit, pilier de la liberté d’expression, qu’est la liberté d’écrire, trop souvent malmenée partout dans le monde », est-il précisé.

Enfin, une belle manifestation ne saurait se passer d’un rituel. À Atlantide, c’est la « Leçon inaugurale », qui accompagne l’ouverture du festival. Chaque édition a son écrivain invité qui vient partager son point de vue sensible et/ou critique sur une thématique d’actualité ou en lien avec ses derniers écrits. Pour 2025, cet honneur revient à Nancy Huston. Après Dany Laferrière, Mohamed MBougar Sarr ou Leïla Slimani, c’est au tour de Nancy Huston. La romancière sera parfaite dans ce rôle, née à Calgary au Canada, elle vit depuis longtemps à Paris. Elle est sa propre traductrice. Le monde est son univers.