Présidentielle : à ce stade inéligible, Marine Le Pen tranchera sur sa candidature selon le verdict de l’appel, sans attendre la cassation

Marine Le Pen change de pied en vue de la présidentielle de 2027. Empêchée, à ce stade, de solliciter une quatrième fois les suffrages des Français en raison de sa condamnation à cinq ans d’inéligibilité avec application immédiate - dans l’affaire des assistants parlementaires européens du FN - la candidate «naturelle» du Rassemblement national (RN) ajuste désormais son agenda politique au calendrier judiciaire. Tout repose désormais sur l’appel.

Alors qu’un nouveau procès est prévu du 13 janvier au 12 février 2026, soit un peu plus d’un an avant le scrutin élyséen, elle annonce dans un entretien au magazine Causeur qu’elle ne se présentera «évidemment pas» si cette sanction venait à être confirmée en seconde instance. Plus question, donc, de tenter un coup de poker, en misant sur la validation du seul Conseil constitutionnel, arbitre ultime des élections.

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Pour que le parti à la flamme soit fixé sur celui qui portera ses couleurs avant l’été prochain et puisse se préparer en conséquence, elle «annoncera donc (sa) décision» dans la foulée du délibéré, attendu environ quatre mois après le procès - sans attendre l’éventuelle décision de la Cour de cassation. Compte tenu de l’incertitude entourant la date de cette dernière, qui pourrait ne survenir qu’au début de l’année 2027, la chef de file des députés RN estime qu’«on ne peut pas se lancer dans une campagne présidentielle au dernier moment». Une temporalité volontairement anticipée, afin de ne pas «hypothéquer la candidature» de Jordan Bardella «dans le cas où il devrait y aller», précise-t-elle.

Si ce n’est pas la première fois que Marine Le Pen met sur orbite son dauphin politique, alors que sa qualité de double finaliste à la présidentielle la plaçait jusqu’ici dans une posture bien différente. Elle-même, comme l’ensemble des cadres du RN, entretenait le doute sur ses intentions en cas de confirmation de sa sanction en appel, laissant entendre que le brouillard ne se dissiperait qu’une fois l’étape de la cassation franchie. Problème : cette hypothèse n’aurait laissé que quelques semaines à Jordan Bardella pour reprendre le flambeau en bonne et due forme et imposer sa candidature dans l’opinion.

Bardella balaye toute mésentente

Signe d’un changement de pied manifeste, la députée du Pas-de-Calais avait peu goûté une déclaration de Jordan Bardella en avril dernier, ce dernier ayant choisi à l’époque de pousser son avantage, en affirmant que «si (Marine Le Pen) devait être empêchée demain, (il) serait son candidat.» Une sortie à laquelle l’intéressée avait répondu sur un ton grinçant : «Il reste dans l’état d’esprit que je serai la candidate à la présidentielle. Nous avons la faiblesse de penser que je serais élue et qu’il deviendra donc mon premier ministre. Il est également évident que si je passais demain sous un camion... Jordan Bardella serait la personne qui aurait vocation à me remplacer. Ce n’est une nouvelle pour personne.» De quoi alimenter les rumeurs de tensions entre les deux figures nationalistes.

Mercredi soir, l’eurodéputé nationaliste a balayé toute mésentente sur le plateau de BFMTV avec Marine Le Pen, qu’il qualifie d’«amie». L’occasion de rappeler qu’elle reste «la candidate légitime de sa famille politique». Jordan Bardella a déclaré savoir «ce qu’il lui doit» et préférer, en cas de divergences, «ne pas donner le spectacle public de la division, de l’opposition». L’hypothèse de sa candidature comme «plan B» de sa mentor «n’est pas tabou mais a déjà été tranchée», même si le verdict de l’appel, désormais très attendu, s’annonce lourd de conséquences sur le plan politique.