Israël - Iran : est-il urgent de stocker de l’essence en prévision d’une flambée des prix ?

Les guerres dans le monde impactent le porte-monnaie des Européens, et en l’espèce le prix de l’essence à la pompe. Pour cause, dès l’offensive israélienne en Iran dans la nuit du jeudi 12 au vendredi 13 juin, les marchés pétroliers ont immédiatement réagi : le prix du baril a bondi de 10 dollars en quelques heures. Ce qui devrait se traduire en France par une augmentation du prix de l’essence de quatre centimes à cinq centimes, dès aujourd’hui.

«Cette réaction rapide s’explique par la sensibilité extrême du marché pétrolier  à toute menace sur l’offre mondiale»», explique Olivier Gantois, président de l’Union française des industries pétrolières (Ufip), surtout dans une région qui concentre représente près de 40 % de la production mondiale de pétrole. Le problème étant que les marchés sont têtus, réagissant non seulement à la réalité des faits, mais surtout à la perception d’un risque. «Même si la guerre n’a pas (encore) éclaté à grande échelle, la simple possibilité d’une escalade suffit à faire grimper les prix», observe Nader Itayim, spécialiste des hydrocarbures pour l’agence Argus Media, basée à Dubaï.

Rien à craindre pour le porte-monnaie... pour le moment

Pas de panique, pour autant. Olivier Gantois et Nader Itayim s’accordent : aucune grande puissance (États-Unis, Iran, Arabie saoudite, Russie, Chine) ne souhaite un embrasement régional qui provoquerait un risque de pénurie et une flambée durable des prix. À cette heure, les intérêts économiques mondiaux convergent vers la stabilité de l’offre.

D’ailleurs, la stratégie des deux camps a jusqu’ici été de cibler des infrastructures énergétiques secondaires (raffineries, usines de traitement de gaz), et non les installations de production ou d’exportation de pétrole brut. L’objectif semble être de limiter l’impact au marché intérieur (en Iran ou en Israël), sans toucher à l’approvisionnement mondial. «Tant que les frappes ne visent pas les terminaux d’exportation ou les champs pétroliers majeurs, l’effet sur le marché mondial reste contenu», résume Nader Itayim.

Dans les faits, le vrai danger serait une escalade touchant véritablement la production et l’exportation, ce qui pourrait retirer jusqu’à 1,5 million de barils/jour du marché mondial (soit la moitié des exportations iraniennes actuelles). Même en cas de choc tel, la hausse des prix pourrait être temporaire, explique Nader Itayim. « L’Opep+ dispose de 4 à 5 millions de barils/jour de capacités de réserve, principalement en Arabie saoudite et aux Émirats. En cas de manque iranien, ces pays pourraient compenser à court terme», anticipe le fin connaisseur du marché.

Est-il autorisé de faire des réserves ?

En résumé, les hausses de prix à la pompe sont, à cette heure, limitées et pourraient rester temporaires si la situation ne dégénère pas. Pour les automobilistes les plus anxieux, il est autorisé de constituer des réserves de carburant tant qu’aucune pénurie n’est déclarée et qu’aucun arrêté préfectoral ne l’interdit. Toutefois, cette pratique soit strictement encadrée par la réglementation.

Un arrêté du 1er juillet 2004, dispose qu’un particulier peut stocker du carburant dans des récipients fermés et transportables, à condition que chaque récipient ne dépasse pas 50 litres et que le volume total stocké par étage, pour une même famille ou entreprise, reste inférieur à 120 litres. Le lieu de stockage est également réglementé : il est interdit de stocker du carburant dans les combles, sur les balcons ou terrasses, ainsi que dans les parties communes des immeubles qui ne sont pas spécifiquement prévues à cet effet.