Près d’un an après son adoption, la semaine de quatre jours a conquis les fonctionnaires d’Écully

50% des agents de la commune ont fait le choix d’adopter de nouveaux rythmes de travail.  Ville d'Ecully

REPORTAGE - Depuis janvier 2024, les agents territoriaux de la mairie d’Écully ont le choix de travailler 4 ou 4,5 jours par semaine. Une mesure largement adoptée poussée par le maire LR, Sébastien Michel, qui ne s’accompagne toutefois pas d’une réduction du temps de travail.

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Le Figaro Lyon

Quatre jours, quatre jours et demi ou cinq jours de travail. Depuis presque un an, à Écully, commune de 18.300 habitants située dans l’ouest lyonnais, les fonctionnaires territoriaux ont le choix. Une nouvelle mise en place de l’organisation du travail proposée par le maire de la commune, Sébastien Michel (LR), pour des raisons aussi personnelles que politiques. «Pour moi, on ne travaille pas assez dans notre pays. Toutefois, proposer juste du sang et des larmes ne marche pas. On ne peut pas être compétitif et attractif en proposant seulement une vie de souffrance», explique l’élu Les Républicains au Figaro

Moins de temps partiel chez les femmes

Ayant personnellement expérimenté le quatre-cinquièmes lorsqu’il était cadre dans un laboratoire pharmaceutique, et après plusieurs discussions avec Laurent de la Clergerie (patron de l’entreprise lyonnaise LDCL qui a mis en place la semaine de quatre jours pour 32 heures de travail), Sébastien Michel voit germer l’idée de proposer ces nouveaux rythmes aux agents de sa commune, dans les services où cela est possible et sur la base du volontariat. Un tour de table démarre alors avec les organisations syndicales. «On a finalement retenu 37h40 sur cinq ou 4,5 jours (avec la possibilité d’alterner entre une semaine de quatre jours et une de cinq, NDLR) et 36h10 sur quatre jours (avec moins de jours de congé, NDLR)», précise Christophe Certin, DRH de la commune. «La seule condition, c’était de ne pas baisser la qualité du service et l’amplitude horaire d’ouverture au public», ajoute Sébastien Michel.

Élise Vinceneux, responsable du service petite enfance, a fait le choix de passer à la semaine de quatre jours et d’avoir pour elle son vendredi. «J’étais à 80% avant donc, de fait, je travaillais déjà sur quatre jours. Mais désormais j’ai un temps plein. Alors oui ça fait des journées plus longues, mais ça permet aussi d’aller un peu plus loin dans ses dossiers», détaille-t-elle. De fait, la quasi-totalité des personnes à 80% de la commune étaient des femmes. Beaucoup d’entre elles peuvent désormais travailler à 100%. «Cette donnée m’avait particulièrement choqué. C’est l’autre effet positif de cette nouvelle organisation», se satisfait le maire d’Écully. 

S’occuper de ses enfants le mercredi, avoir du temps pour soi le vendredi pour allonger le week-end... à chacun ses raisons d’adapter son rythme de travail. Béatrice Moreau, responsable service communication, a quant à elle choisi de passer à 4,5 jours de travail pour pouvoir se consacrer à une activité de secrétaire de rédaction pour une revue universitaire. «J’étais à 80% pour pouvoir le faire jusqu’ici mais je faisais plein d’heures sup. Désormais je peux concilier les deux», assure-t-elle.

Un rythme à trouver

Cette nouvelle organisation comporte tout de même quelques contraintes. «En tant qu’employeur on se rend compte que ça touche vite à de nombreux enjeux personnels pour les agents. Par exemple : “Si je termine plus tard, le coût du périscolaire en plus est-il supportable ?”, etc..», indique Christophe Certin. Du côté des agents, il a fallu également s’adapter à des journées plus longues. «Il y a un peu moins de souplesse dans le quotidien, on ne peut pas partir plus tôt pour des réunions scolaires, par exemple», embraye Élise Vinceneux. 

À ce jour, une seule personne a décidé de revenir en arrière pour des raisons d’organisation personnelle. «En réalité, cette mesure est vraiment simple à mettre en place. La seule chose difficile, c’est de définir quel service est éligible et lequel ne l’est pas», poursuit le DRH. Pas forcément attendue, cette nouvelle organisation a facilité les recrutements de la municipalité. «Il y a quatre ans, au début de mon mandat, j’ai été frappé par le manque d’attractivité des métiers de la fonction publique. Désormais les candidats nous parlent de la semaine de quatre jours lors des recrutements. C’est un vrai plus», se réjouit Sébastien Michel. 

Un maire qui espère que sa mesure fera florès à droite : «Les gens de droite ne sont pas à l’aise avec ça, parce que dans leur culture, durablement marquée par les 35 heures, ils ont l’impression que parler de l’organisation du travail, c’est dire aux gens de travailler moins, ce qui n’est pas le cas à Écully. Je crois à l’inverse, que l’on doit se moderniser sur ces sujets.» 

Dans les couloirs de la mairie d’Écully, de l’avis général, ces nouveaux rythmes séduisent. Commencée en janvier 2024, l’expérience a été adoptée par 50% des plus de 250 agents de la ville. Désormais, la petite ville de l’ouest lyonnais n’est plus la seule collectivité du territoire à avoir adopté la semaine de quatre jours. Depuis septembre dernier, la métropole de Lyon, et ses 5500 agents, propose également des rythmes similaires.