«Je m’en fous» : les propos d’Éric Piolle sur l’insécurité à Grenoble, publiés le matin même d’une attaque à la grenade, font polémique
Comme de l’eau sur les plumes d’un canard. C’est l’effet que font au maire de Grenoble Éric Piolle les critiques sur l’insécurité qui gangrène sa ville. Alors que les Grenoblois font face depuis plusieurs mois à une série de fusillades sanglantes liées au trafic de drogues, l’édile écologiste, accusé de laxisme envers les auteurs de violences depuis sa première élection en 2014, s’est dit indifférent aux reproches sur son bilan, venus notamment de la droite. «À vrai dire, je m’en fous un peu», a-t-il réagi auprès de nos confrères de Libération, dans un numéro sur «Les verts face au dilemme sécuritaire».
«Quand il ne reste que des attaques sur la sécurité et la propreté, ça veut dire qu’on a gagné quelques batailles par ailleurs, car on peut toujours se dire qu’une ville n’est pas assez propre et pas assez sûre», a estimé l’ex-candidat à la primaire écologiste en vue de la présidentielle. Des propos dont la publication tombe le matin même d’un nouveau fait de violence dans le quartier sensible du Village olympique, au sud de Grenoble. Jeudi soir, un homme muni d’un fusil de type kalachnikov a pénétré dans le bar associatif Aksehir, avant de lancer à l’intérieur une grenade dégoupillée. Le premier bilan de l’explosion faisait état de 12 blessés, dont six en urgence absolue, semant la stupeur et la colère chez les riverains.
«Déni»
Dans Libé, le maire, lui, estime qu’il «faut résister au tourbillon médiatique» et minimise. «Des fusillades, il y en a partout», élude l’élu qui, depuis son élection en 2014 à la maire de Grenoble, a toujours refusé d’armer la police municipale et s’oppose fermement au déploiement de caméras de vidéosurveillance. Selon lui, la vidéoprotection «ne sert à rien» en matière de lutte contre le narcotrafic.
Sur le réseau social X, l’eurodéputé François-Xavier Bellamy, relevant ces propos publiés dans le quotidien de gauche, a déploré un «déni tragique» de réalité. «Il faut donc s’habituer à se faire tirer dessus en pleine rue ? C’est le nouveau monde normal pour la gauche ?», a interpellé le membre PPE du Parlement européen, rappelant la mort de Lilian Dejean, un agent d’entretien grenoblois tué par balles en novembre dernier après avoir tenté d’empêcher l’auteur d’un accident de la route de s’enfuir. Ce dernier avait alors sorti une arme à feu et a tiré à plusieurs reprises sur l’employé municipal.
Éric Ciotti, président de l’Union des droites, a également condamné le «déni idéologique» du maire «d’extrême gauche», estimant qu’il a «fait de sa ville le Chicago des Alpes».
Jeudi matin, deux heures après la parution en ligne de l’article de Libé, Éric Piolle réagissait à l’explosion de la grenade, disant condamner «avec la plus grande fermeté» cet «acte criminel d’une violence inouïe». L’édile adressait également ses remerciements aux «forces de secours et de sécurité pour leur intervention rapide».