L’image du pape au cinéma avant et durant le temps du règne de François
Cinemus papam... de l’œuvre de Wim Wenders (Le Pape François : Un homme de parole) dédié à l’action apostolique de François, aux délibérations secrètes du conclave réuni pour élire le nouveau souverain pontife (Conclave), à la papauté bicéphale consécutive au retrait de Benoît XVI (Les deux papes), le cinéma s’est inspiré de la vie du Vatican.
Du passé le plus récent avec Conclave d’Edward Berger (2024), au sulfureux et controversé Amen de Constantin Costa-Gavras (2002), Le Figaro a concocté un florilège des films, téléfilms (The Young Pope de Sorrentino en 2016) et documentaires consacrés à l’image du pape et du Vatican.
- Conclave d’Edward Berger, en 2024, avec Ralph Fiennes, Stanley Tucci, John Lithgow...
Tel un House of Cards au Vatican, Conclave , du réalisateur allemand Edward Berger, suit l'élection d'un nouveau pape entre trahisons et mensonges et a été nommé huit fois aux Oscars 2025. Ralph Fiennes y incarne le cardinal Lawrence, chargé d'organiser le conclave, cette assemblée des cardinaux qui élit le souverain pontife après la mort du pape. Une mission à hauts risques, dans ce monde du Vatican où tout le monde se connaît et où les rancunes sont tenaces. Adapté d'un roman du Britannique Robert Harris, ce huis clos, qui a remporté en mars 2025 l'Oscar du meilleur scénario adapté, fait monter la tension jusqu'à un retournement final inattendu. Le film est actuellement disponible sur toutes les plateformes.
- Les Deux Papes de Fernando Meirelles, en 2019, avec Anthony Hopkins, Jonathan Pryce...
Après la démission de Benoît XVI en 2013, le cinéma s'est emparé de la thématique d'une papauté bicéphale. Dans Les Deux Papes, le Brésilien Fernando Meirelles imagine une joute oratoire entre Anthony Hopkins, en pape allemand beaucoup plus autoritaire que son timide modèle, et Jonathan Pryce dans le rôle du futur pape argentin qui veut lui apprendre le tango. À l'écran, les deux hommes surmontent leurs différences grâce à la musique d'un Benoît pianiste et à la passion de François pour le football. Parmi les principaux défis relevés par ce film produit par Netflix, Fernando Meirelles avait évoqué le fait d'avoir dû tourner toutes les scènes sans avoir accès à la cité du Vatican, « réplique parfaite » reconstituée en studio. Les Deux Papes, a été nommé à trois reprises aux Oscars de 2020.
- Le Pape François : Un homme de Parole de Wim Wenders, documentaire sorti en 2018
Réalisé par le cinéaste multirécompensé Wim Wenders (L’Ami américain, Les Ailes du désir), ce documentaire d’une heure et demie revient sur le début du pontificat du Pape François mais aussi sur ses idées, ses réformes et ses positions sur l’immigration, l’écologie ou la justice sociale. Le film mêle extraits d’interviews du chef de l’Église, des scènes de reconstitutions et des images d’archives. Le Figaro a apprécié le documentaire, et en le qualifiant de « Forcément hagiographique mais bien à propos ». En hommage au Pape François, France Télévision l’a diffusé, lundi 21 avril sur France 5.
- The Young Pope de Paolo Sorrentino en 2016, avec Jude Law, Diane Keaton, Cécile de France...
Dans les dix épisodes de cette série de l'Italien Paolo Sorrentino, Jude Law incarne un prélat italo-américain, Lenny Belardo, qui vient d'être élu pape à la surprise générale. Mais alors que les cardinaux croyaient avoir choisi un souverain pontife facilement manipulable, Pie XIII révèle une personnalité torturée, machiavélique et... déroutante. Ultra-conservateur, il boit du Coca-Cola à la cerise, fume dans les salons du Vatican et se débat avec le traumatisme d'avoir été abandonné enfant. Une deuxième saison, baptisée The New Pope, a vu le jour en 2020. Elle suit l'élection d'un nouveau pape, Jean-Paul III incarné par John Malkovich, alors que Pie XIII est dans le coma, et met les personnages féminins en avant, notamment celui de la directrice de communication du Saint-Siège jouée par Cécile de France.
- Habemus Papam de Nanni Moretti, en 2011, Michel Piccoli, Nanni Moretti, Renato Scarpa...
Signé de l'Italien Nanni Moretti, Habemus Papam, présenté au Festival de Cannes, détonait en 2011 en racontant l'élection d'un pape réticent à l'idée d'assumer la charge pontificale, deux ans avant la démission de Benoît XVI. Alors que de la fumée blanche s'élève du Vatican, signe de dénouement d'un conclave, les fidèles se pressent pour voir apparaître le nouveau pape mais l'encadrement de la fenêtre reste vide. Soudain un cri s'élève. Effrayé, désorienté par l'ampleur de sa tâche et sa responsabilité, le cardinal Melville refuse d'endosser son nouveau rôle et s'enfonce dans les couloirs, avant qu'il ne soit décidé de faire appel aux services d'un psychanalyste pour l'accompagner dans sa nouvelle mission. À 85 ans, Michel Piccoli, dans le rôle-titre, signait l'un de ses rôles majeurs dans cette comédie se moquant surtout des médias et de la psychanalyse.
- Amen de Costa-Gavras, 2002, avec Ulrich Tukur, Mathieu Kassovitz, Michel Duchaussoy...
En 2002, le réalisateur franco-grec Costa-Gavras, friand de films politiques, se penche sur une pièce de l'Allemand Rolf Hochhut (Le Vicaire, adaptée en français par Jorge Semprun en 1963) et remporte l'année suivante le César du meilleur scénario. Durant la Seconde Guerre mondiale, un chimiste engagé par les SS découvre la réalité des chambres à gaz. Chrétien convaincu il tente en vain, aidé par un jésuite (Mathieu Kassovitz), d'avertir le pape Pie XII. Avec ce film à charge, le cinéaste contribue à alimenter l'image d'un pape lâche, coupable d'un silence complice sur les crimes nazis. Cette thèse contredite par les historiens et le Vatican: Pie XII est sorti trois fois de son silence et a contribué au sauvetage de dizaines de milliers de juifs, notamment en Italie.