Guerre en Ukraine : ce que l’on sait de la campagne record conscription militaire en Russie
C’est un sujet sensible en Russie. Quelques jours après l’invasion russe de l’Ukraine, le 24 février 2022, Vladimir Poutine en personne avait promis qu’aucun conscrit n’irait combattre sur le front. Quelques semaines plus tard, le Kremlin reconnaissait la présence de certains d’entre eux, aux côtés des «forces armées participant à l’opération spéciale», à savoir l’assaut russe contre l’Ukraine.
Depuis, la Russie poursuit ses campagnes bisannuelles de conscription militaires. Cette année, Moscou a officialisé l’édition de printemps qui doit concerner 160.000 jeunes âgés de 18 à 30 ans selon un décret signé lundi par le président Vladimir Poutine. C’est le chiffre le plus important depuis le début de la guerre en Ukraine et au-delà, depuis l’année 2011, durant laquelle 203.000 personnes avaient été appelées à cette période de l’année.
En pleine négociation par l’intermédiaire américain pour trouver un accord de cessez-le-feu, la Russie cherche-t-elle les moyens de nourrir ses ambitions guerrières, et notamment dans l’immédiat celle d’une dernière offensive de printemps ? L’armée russe a quoi qu’il en soit assuré, à nouveau, que ces nouvelles recrues ne seraient pas envoyées en Ukraine.
«Aucun lien avec l’opération militaire spéciale»
«La prochaine campagne de conscription n’a aucun lien avec l’opération militaire spéciale en Ukraine», a assuré le ministère russe de la Défense dans un communiqué dans lequel un haut responsable de l’État-major, le vice-amiral Vladimir Tsimlianski, affirme que les conscrits ne seront pas envoyés dans les régions ukrainiennes où l’armée russe combat. Ils ne participeront pas non plus «aux tâches de l’opération spéciale», assure aussi l’officier.
Les 160.000 citoyens russes appelés doivent commencer leur service militaire entre le 1er avril et le 15 juillet pour une durée d’un an. En 2024, la campagne de printemps avait concerné 150.000 personnes et 147.000 en 2023, selon l’agence d’État Tass. En 2023, la Russie a adopté une loi repoussant l’âge limite de la conscription de 27 à 30 ans.
«La Russie prépare des réserves pour une nouvelle tentative de percée sur le front en mai», a déclaré pour sa part mercredi sur Telegram Andriy Kovalenko, chef du Centre ukrainien de lutte contre la désinformation. Cité par RBC-Ukraine, l’expert militaire ukrainien Pavlo Narozhny affirme de son côté que la Russie pourrait mobiliser 50.000 à 60.000 hommes sur une seule section du front pour lancer une telle offensive.
Conscrits tués en Ukraine
En parallèle de la conscription militaire, Vladimir Poutine peut cependant compter sur les effectifs de l’armée d’active, c’est-à-dire en poste, qui sont aussi en augmentation. En septembre, le président russe a signé, lundi 16 septembre, un décret qui augmente ces effectifs portés à 1,5 million de soldats, soit une augmentation de 180.000 militaires.
Depuis le 24 février 2022, c’est la troisième fois que le Kremlin procède à un tel élargissement. Les effectifs d’active ont d’abord été augmentés de 137.000 soldats en 2022, puis de 170.000 en 2023. L’armée russe pourrait donc comprendre désormais 2,38 millions de militaires, en incluant les réservistes.
En Russie, certains médias doutent cependant que les conscrits, de leur côté, soient véritablement tenus à l’écart de la guerre en Ukraine. «Malgré les affirmations du ministère de la Défense russe, selon lesquelles les conscrits ne seront pas envoyés dans les territoires ukrainiens occupés (Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijjia), des experts mettent en garde contre les promesses du gouvernement», rapporte la télévision russophone Current Times TV, établie à Prague, précisant que le nombre de conscrits russes tués dans la guerre se chiffre en «centaines de personnes». Le journal Moscow Times, de son côté, affirme qu’à un moment où la Russie s’efforce de recruter des soldats de métier sous contrat, les autorités russes se tourneraient assez largement vers les conscrits pour les persuader de s’enrôler.