Vasque, cheval, anneaux olympiques... Les symboles des Jeux de Paris trouvent une nouvelle vie
Ils ont émerveillé des millions de personnes tout au long de l’été 2024. Les Jeux olympiques de Paris nous feront à jamais voyager à travers des scènes magiques, rassembleuses et inoubliables... Le tableau de Zeus, le cheval mécanique monté par une cavalière masquée, remontant la Seine au galop. L’ascension de la vasque, illuminée par les flammes olympiques de Teddy Riner et Marie-José Pérec. Les statues de dix femmes, personnalités marquantes de l’histoire de France émergeant des flots devant l’Assemblée nationale.... Le sport marque, les images aussi. Au sortir de deux mois de jeux historiques, Anne Hidalgo affichait sa volonté de garder ces différents symboles dans la capitale.
Un an plus tard, le souhait de la maire de Paris se concrétise. Samedi, l’heure sera aux célébrations. Le Comité national et olympique français (CNOF) organise une journée spéciale célébrant le premier anniversaire des Jeux de Paris. Le comité s’est arrangé pour mettre à l’honneur les principaux symboles appréciés l’été dernier par les visiteurs. Rue de la Chapelle, dans le XVIIIe arrondissement parisien, la mairie a tout juste terminé l’installation, le 22 juillet, des « femmes en or », dix statues de résine polymère et de fibre de verre.
Passer la publicitéLes statues investissent la rue de la Chapelle à Paris
Hautes de quatre mètres, ces sculptures sont visibles tout au long de cette rue du Nord de Paris. Comme un symbole, elles défient l’Adidas Arena du regard, site olympique fréquenté par les gymnastes, badistes et basketteurs l’été dernier, le seul construit dans Paris. « On se réjouit de les voir ici, sourit Amar, résident du quartier venu photographier les statues d’Alice Guy et Simone Veil. Elles nous invitent à nous intéresser à l’histoire de ces personnalités. » À quelques centaines de mètres, cachées dans les feuilles des arbres, Louise Michel et Christine Pisan dominent l’artère. Sur l’autre trottoir, les statues de Jeanne Barret, Paulette Nardal, Simone de Beauvoir, Gisèle Halimi, Olympe de Gouges et Alice Milliat.
Ces reliquats des jeux, imprimés en 3D dans le Pas-de-Calais, ont été prêtés à la ville par le Comité olympique pour une durée de trois ans. Elles ont été installées dans le quartier après un long séjour dans la cour de l’Assemblée nationale. L’idée séduit. Pour cause : 260 des 300 statues érigées dans la capitale représentent des hommes. Elle divise aussi. Certains résidents de la rue de la Chapelle pointent du doigt une mauvaise gestion des priorités de la part de la mairie. « Ce sont de belles œuvres, certes, concède Samia, vivant le quartier depuis plus de 20 ans. Mais ce n’est pas normal de les installer dans un lieu avec autant de précarité et d’insécurité. Tout cela à un coût et on préfère autre chose. Je suis révolté. »
Lire le dossier Les Jeux de Paris 2024 ont changé leur vie
La Vasque de retour chaque été
Aux Tuileries également, les critiques le disputent à l’émerveillement. Le jardin du Louvre accueille depuis le 12 juin le retour de la Vasque olympique, désormais simplement rebaptisée La Vasque, là où le tout premier ballon à gaz s’est envolé en 1783. Le coût de la réinstallation est estimé à 2,5 millions d’euros, tout comme son fonctionnement cet été. Anne Hidalgo exprimait son souhait, en 2024, de « pouvoir pérenniser cette vasque ». Jusqu’aux Jeux de Los Angeles en 2028, ce sera chose faite. Le ballon et son cercle de « flammes » électriques fera son retour chaque été, en 2026 et 2027, soit cinq millions d’euros à compter en plus, portant le total à quelque 10 millions d’euros. « C’est excessif pour le retour d’un symbole, juge Rémi, habitué du jardin. Le centre de Paris, notamment les Tuileries, est un peu trop privilégié par rapport à d’autres arrondissements. »
Retrouver la vasque reste un plaisir inqualifiable. Jusqu’à la fin du mois de juillet, les nombreux curieux - ils étaient 160 000 l’an dernier - pourront la voir s’élever dans les hauteurs de la capitale dès 22 h 30. Au mois d’août, cet horaire passera à 21 h 30, avant de descendre à 20 h 30 entre le 1er et le 14 septembre, date de la nouvelle Fête du Sport instaurée par Emmanuel Macron. Elle avait marqué les esprits lors de sa première ascension le 21 juin dernier, pendant un concert organisé aux Tuileries pour la Fête de la musique. « C’est une belle attraction pour les touristes, elle réunit et modernise un peu les Tuileries », se réjouit Mathieu, en balade dans le parc avec son enfant. Quelques modifications ont été apportées à la structure de trois tonnes et de 60 mètres de hauteur pour son retour. Elle reste totalement décarbonée, mais est désormais capable de fonctionner 300 jours au lieu de 30. Et contrairement à l’an passé, les visiteurs peuvent s’y rendre gratuitement et sans réservation.
Zeus termine sa tournée
La cérémonie d’ouverture des Jeux de Paris, longue de 3 h 30, a aussi mis en lumière Zeus, le cheval métallique vêtu de feuilles d’argent. Après un séjour pendant les Jeux paralympiques à la mairie de Paris et un passage à Versailles entre octobre et novembre 2024, l’œuvre de l’atelier nantais Blam est partie le 3 mars dernier en tournée. Elle a été exposée en mars à Montpellier, sur la promenade du Peyrou, puis à Lyon, dans la cour de l’hôtel de ville. En mai, elle était de passage à Bordeaux et Rouen. Depuis juin, le Mont Saint-Michel a l’honneur de l’accueillir sur le belvédère de l’abbaye. Zeus est une attraction touristique. En quatre mois de tournée en France et en Europe, la sculpture de huit mètres de haut a réuni pas moins d’un demi-million de visiteurs.
À l’instar des autres vestiges des Jeux de Paris, le Comité envisage de la garder. Après son voyage dans les eaux de la Manche, conclut le 7 septembre, le cheval argenté se rendra sur ses terres natales, à Nantes. Il y sera installé à partir du 19 septembre place Gaslin, pour le plus grand plaisir de la maire, Johanna Rolland. « C’est une fierté pour toutes les Nantaises et tous les Nantais, et une grande émotion pour moi de le voir de retour », a-t-elle déclaré sur les réseaux sociaux. Il reprendra ensuite la direction de la capitale le 29 septembre avant une potentielle tournée en 2026...
À lire aussi Jeux olympiques Paris 2024 : l'héritage sera bien plus que sportif
Où sont passés les anneaux olympiques ?
Ceux-ci se font plus discrets. Les anneaux olympiques, portés disparus depuis le 27 septembre 2024, pourraient bel et bien faire leur retour. Jeudi, les passants ont découvert le drapeau olympique, pendant du haut du premier étage de la tour Eiffel. À l’occasion des festivités de samedi et dimanche, les anneaux seront projetés sur la dame de fer, comme un « clin d’œil symbolique ». L’an passé, Anne Hidalgo avait annoncé que ceux qui étaient accrochés entre le premier et le deuxième étage l’année dernière feront leur retour sur le monument jusqu’aux JO de Los Angeles en 2028, avec un matériau « plus pérenne » que celui des anciens anneaux, conçus en acier recyclé et peu résistants aux intempéries hivernales.
Un problème subsiste. L’installation de ces mastodontes, - 29 mètres de long, 15 mètres de large, 30 tonnes - ne se fera pas sans la modification de la future loi des JO 2030. La mairie a donc proposé un amendement visant à intégrer une dérogation permettant à la ville de Paris, propriétaire de la tour Eiffel, de « disposer de la marque » des anneaux olympiques dans l’espace public, en dehors d’une période de compétition. La résolution n’interviendra pas « avant 2026 », indique la ville. Dans l’attente, des anneaux de remplacement ont été déposés sur le pont d’Iéna, au pied de la tour Eiffel.
Les « agitos », symboles des Jeux paralympiques, sont eux exposés de façon pérenne sur la façade du Prisme à Bobigny, en Seine-Saint-Denis, un complexe sportif dédié au handisport. Valérie Pécresse avait proposé, en vain, en septembre 2024, de les installer sur la façade de l’Hôtel de Région à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis. Comme pour les anneaux olympiques, les agitos resteront dans la ville Lumière jusqu’en 2028. Quid de savoir s’ils retrouveront leur place au sommet de l’Arc de Triomphe, comme le voudrait Anne Hidalgo.