Une décision douloureuse. Dans un communiqué relayé sur les réseaux sociaux le 16 juillet, la chanteuse française Yelle et son DJ Grand Marnier ont annoncé l’annulation de leur tournée d’anniversaire aux États-Unis pour « de multiples raisons », incluant le « climat politique actuel » dans le pays. « Nous prenons aujourd’hui cette décision immensément difficile, écrivent-ils. [Les politiques] en matière d’immigration et de liberté d’expression sont inquiétantes. Nous voyageons désormais en famille avec notre petit enfant, donc plus que jamais, nous avons besoin de nous sentir en sécurité. »
Le groupe avait prévu de souffler ses 20 bougies lors de plusieurs concerts à Washington DC, New York, Chicago, San Francisco, Los Angeles et Montréal au Canada. Des raisons financières les ont également poussés à faire l’impasse sur ces dates. « Le coût total de cette tournée est devenu presque impossible à assumer, confient les Bretons. Nous avons un lourd fardeau financier sur nous. » Avant d’ajouter : « Nous sommes vraiment tristes et nous nous excusons auprès de tous ceux qui avaient prévu de venir voir nos shows. Vous savez à quel point nous adorons venir ici, chanter avec vous, danser avec vous, traîner avec vous. »
Passer la publicitéYelle - Complètement fou (2014)
Torrent de boycott chez les artistes
Cette décision fait écho à d’autres événements survenus ces derniers mois. De nombreux artistes décident de plus en plus d’annuler leur venue dans le pays de l’Oncle Sam depuis l’investiture de Donald Trump en janvier. András Schiff, grand pianiste et chef d’orchestre hongrois, a fait l’impasse sur ses dates américaines en raison des « récents changements politiques sans précédent », indique le média Pitchfork. Tout comme le groupe punk UK Subs et la chanteuse canadienne Bells Larsen, incapables d’obtenir des visas à la suite des nouvelles mesures visant les personnes transgenres.
Si je parle de Donald Trump, je risque d’être l’une de ces personnes interdites de rentrer en Amérique
Neil Young en avril dernier
Le chanteur et guitariste Neil Young s’était lui aussi questionné en avril dernier sur son retour aux États-Unis après avoir qualifié Donald Trump de « pire président de l’histoire » lors de sa tournée européenne. « Si je parle de lui, je risque d’être l’une de ces personnes interdites de rentrer en Amérique ou emprisonnés dans des cellules avec un sol en ciment et une couverture en aluminium », avait-il écrit sur ses réseaux sociaux.
À lire aussi Et maintenant, les musées : quand Donald Trump bouleverse la culture
Outre les prises de position des artistes, l’administration Trump se permet, elle aussi, d’interdire la venue de certains d’entre eux sur le sol américain. Elle avait, par exemple, refusé en mai dernier d’accueillir les groupes mexicains Grupo Firme et Los Alegres del Barranco, car ils glorifiaient la violence des cartels. Le duo punk Bob Vylan, accusé par le gouvernement américain de proférer des propos antisionistes, a lui aussi été interdit de visa.