Baumgartner, de Paul Auster: bonjour tristesse

«Il avait perdu sa magie.» Cette première phrase, on le sait, concernait un acteur dans Le Rabaissement de Philip Roth. Elle pourrait s’appliquer à Paul Auster. Quelque chose s’est cassé, chez lui. Cela ne date pas d’hier, mais avec Baumgartner, la dégringolade saute aux yeux. On dirait un mauvais pastiche. Évidemment, le héros septuagénaire est professeur de philosophie à Princeton. On le découvre à son bureau un matin. Il se brûle avec une casserole qu’il a oubliée sur le feu. Il doit appeler sa sœur. On sonne. C’est la livreuse d’UPS: il commande des livres qu’il ne lira pas, rien que pour avoir le plaisir de la voir. Elle ressemble à sa femme Anna, morte dix ans plus tôt.

Le téléphone sonne: le mari de son employée de maison s’est sectionné deux doigts avec une scie circulaire. On frappe: le préposé vient relever le compteur d’électricité. Pas de chance, Baumgartner tombe dans l’escalier et s’esquinte le genou, ce qui provoque «un hurlement imitant le vacarme de quarante lynx poussant…

Cet article est réservé aux abonnés. Il vous reste 64% à découvrir.

Vous avez envie de lire la suite ?

Débloquez tous les articles immédiatement.

Déjà abonné ? Connectez-vous