Un habitant de la Loire en appelle au Quai d’Orsay pour récupérer ses deux enfants retenus au Kazakhstan par leur mère

C’est encore un drôle de Noël qu’a passé Antoine Sibuet. Le Français qui se bat pour récupérer ses enfants des mains de leur mère partie avec eux au Kazakhstan, était convoqué devant la cour suprême de cette république autoritaire d’Asie centrale le 25 décembre. Face à son ex-femme qui s’est contentée d’une présence en visio, il a une nouvelle fois obtenu gain cause, par une décision de justice ordonnant le retour immédiat d’Elsa et Aristide auprès de leur père, la troisième en un an. Trois mois plus tard pourtant, cet habitant de la région de Roanne, dans la Loire, n’a toujours pas revu ses enfants. Il organise donc une manifestation sous les fenêtres de l’ambassade du Kazakhstan ce mercredi 26 mars pour forcer Astana à appliquer la décision de justice.

Dimanche, cela a fait 19 mois qu’Aristide et Elsa se sont envolés vers le Kazakhstan, un jour d’août 2023. Ils vivent depuis cachés à Almaty, la plus grande ville du pays, à son extrémité est. C’est la commune d’origine de leur mère, avec qui Antoine Sibuet se trouvait en procédure de divorce conflictuelle au moment de l’enlèvement. Après avoir menacé plusieurs fois de le quitter, la femme avait finalement vidé son domicile au retour des vacances d’été. «Nous ne reviendrons jamais, ça ne sert à rien de porter plainte», lui avait asséné la mère de ses enfants par SMS en réponse à ses questions.

« Ils m’ont sauté dans les bras mais les instituteurs me les ont arrachés puis j’ai été arrêté »

Antoine Sibuet

«Elle n’acceptait pas que les enfants ne soient pas à 100% avec elle. Elle estime que le père n’a pas de droits», racontait récemment Antoine Sibuet au Figaro. En un an et demi de séparation le père de famille n’a plus eu de nouvelle de ses enfants. Tout juste a-t-il pu récupérer la photo WhatsApp de profil de son ex-femme ou apparaissait Elsa et Aristide. Il s’est aussi rendu à plusieurs reprises à Astana et Almaty où son avocat conduit depuis le début les procédures judiciaires. Il avait pu apercevoir ses enfants jouant dans leur cour d’école en janvier 2024. «Ils m’ont sauté dans les bras mais les instituteurs me les ont arrachés puis j’ai été arrêté», retrace-t-il aujourd’hui.

«Le Kazakhstan est un pays qui sait trouver les gens»

Tous les recours ont désormais été purgés. Antoine Sibuet demande donc l’application du droit international et notamment de la convention de La Haye, signée par le Kazakhstan, qui exige «le retour immédiat des enfants déplacés ou retenus illicitement». «Quand l’huissier a tenté de rentrer en contact avec mon ex-épouse, elle a donné des fausses adresses et quand il l’a retrouvé sur son lieu de travail elle a refusé de signer les documents, raconte le père de famille. Mes enfants sont aujourd’hui déscolarisés et sans couverture médicale pour qu’on ne puisse pas les retrouver, pourtant le Kazakhstan est un pays qui sait trouver les gens quand il le veut».

Pour débloquer cette situation, Antoine Sibuet est soutenu de ce côté de l’Oural par plusieurs parlementaires. En novembre, ils avaient déjà interpellé par écrit Michel Barnier, qui avait répondu avoir transmis au quai d’Orsay selon plusieurs documents consultés par Le Figaro. Parmi eux, le député Antoine Vermorel-Marques (LR) a eu l’occasion d’échanger avec le ministre des Affaires étrangères mais aussi l’ambassadrice du Kazakhstan en France. «Le mois dernier, elle avait promis un retour rapide alors que nous nous apprêtions à organiser une manifestation, mais ensuite plus rien, on me mène en bateau», fulmine Antoine Sibuet.

Son avocat kazakh est quant à lui en lien avec l’ambassadeur de France à Astana et la protection de l’enfance locale serait désormais sur le coup. «Maintenant il faut que ça vienne d’en haut», lance le père de famille. C’est pourquoi il veut faire pression sur l’État kazakh par l’opération de ce mercredi, mais aussi la diplomatie française. Plusieurs fois, dit-il, le Quai d’Orsay l’a assuré d’une issue rapide et heureuse, en vain. Ces derniers jours le père de famille a reçu des courriers de l’Élysée et de Matignon, consultés par Le Figaro, l’assurant à nouveau de la prise en compte de sa situation.

Côté français, une enquête pour soustraction d’enfant par ascendant a été ouverte par le parquet de Roanne en août 2023. La procédure de divorce, en cours au moment du départ, a finalement donné la garde exclusive au père au vu des évènements.