Engagé dans une bataille contre ce qu'il appelle "l'idéologie woke", Donald Trump avance au pas de charge. La semaine en cours offre un bon aperçu de l'offensive engagée par son administration. Un bras de fer sur tous les fronts, des médias aux musées, en passant par les universités.
La plus prestigieuse, Harvard, est considérée comme un symbole par Trump. Déjà privé de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, le campus de Boston est désormais officiellement visé par une enquête du département d'État. Une procédure pour vérifier que "ses programmes ne portent pas atteinte aux objectifs de la politique étrangère du pays [...] ou ne compromettent pas les intérêts de la sécurité nationale". Également visée par des enquêtes, l'université de Columbia a fini par céder sous la pression, et signer un accord avec le gouvernement, ce qui a suscité ce commentaire, jeudi, de la ministre de l'Éducation : "La fermeté du président va permettre d'éliminer les préférences raciales et de mettre fin à la promotion de la diversité".
Cette offensive sur l'éducation, qui se joue aussi dans les programmes et les manuels scolaires, s'est traduite cette semaine par l'annonce, mardi, du retrait américain de l'Unesco. Si ce retrait s'inscrit dans une défiance plus large vis-à-vis des grandes instances internationales, la décision est justifiée par "la promotion des causes sociales et culturelles clivantes" attribuée à l'organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture. L'Unesco défend "une feuille de route idéologique et mondialiste en contradiction avec l'America First", explique un porte-parole du gouvernement, qui dénonce un "biais antiaméricain" au sein de l'agence.
L'art et l'histoire en conformité avec la politique de Trump
Cette vision s'applique aussi aux institutions culturelles américaines, avec le cas emblématique de la Smithsonian Institution à Washington. Une institution indépendante et réputée, qui chapeaute 21 musées de la capitale fédérale, gratuits et très fréquentés (plus de 30 millions de visiteurs par an). Mais pour Trump, ses expositions sont "trop partisanes", notamment parce qu'elles abordent les inégalités raciales ou les questions de genre. Pour appliquer une approche de l'art et de l'histoire en conformité avec sa politique, le président américain a donc ordonné un grand ménage, avec un décret baptisé "restaurer la vérité et la raison dans l’histoire américaine". Objectif assumé : "éliminer l’idéologie inappropriée", quitte, et c'est ce qui s'est passé, à exiger le départ de certains responsables.
Des têtes qui tombent, il y en a aussi dans les médias. La directrice de l'information de la radio publique, NPR, vient d'annoncer son départ, alors que le groupe est dans le collimateur du pouvoir, et soumis à des restrictions budgétaires massives. Cette semaine, le présentateur vedette du Late Show, Stephen Colbert, a confirmé l'arrêt de cette émission historique à la fin de la saison, accusant la direction de sa chaîne de vouloir ainsi s'attirer les faveurs d'un Trump qui avance "façon bulldozer" dans ce qu'on peut appeler une guerre culturelle.
Elle passera d'ailleurs aussi par l'IA. Lors de la présentation de son vaste plan sur l'intelligence artificielle jeudi, le président américain a confirmé vouloir interdire aux administrations et agences fédérales l'acquisition de logiciels qui présenteraient des "biais idéologiques" pour privilégier des systèmes conçus pour "rechercher la vérité objective". Une formule qui vise clairement des logiciels ou applications qui s'attachent à l'inclusion des minorités.