Dans les rues de Beyrouth : «Qu'est-ce qu'on a fait pour mériter ce châtiment ?»
De notre envoyé spécial à Beyrouth
Un calme étrange règne ce samedi matin à Beyrouth, au Liban, douze heures après les frappes d'une violence inouïe contre la banlieue sud, fief du Hezbollah. On ignore le sort de son chef Hassan Nasrallah.
Dans la nuit, comme on l'a constaté en arrivant à l'aéroport de Beyrouth peu avant minuit, de nombreuses familles fuyaient leurs immeubles, en marchant en direction du centre-ville de la capitale libanaise. Elles se sont installées sur la Corniche, dans les parcs, un peu partout dans les rues, avec leurs balluchons.
« On ne sait pas si notre immeuble est toujours debout »
Quelques heures avant, Israël leur avait demandé de s'éloigner d'au moins cinq cents mètres de chez elles. « On a entendu les bombardements cette nuit, c'était terrifiant », lance une vieille dame venue avec sa fille, dans le centre de Beyrouth. « On ne sait pas si notre immeuble est toujours debout », se lamente-t-elle. « Qu'est-ce qu'on a fait pour mériter ce châtiment ? »
Comme les autres, elle ne sait pas quoi faire. Elle ne sait pas combien de temps elle devra dormir à la belle étoile. Les Libanais se sont réveillés dans la stupeur. Les frappes israéliennes ont continué dans la nuit, avant de s'arrêter avant l'aube.
Personne ne sait ce qui est advenu de sheikh Nasrallah, le chef du Hezbollah. Est-il tué, comme croit le savoir certains ? Est-il en vie indemne, comme l'affirment certaines sources proches de la milice pro iranienne ? Les rumeurs vont bon train. Mais le « Parti de Dieu » se tait.
«Ils ont peur que ça se passe comme à Gaza »
« Les gens sont terrifiés, leurs gamins aussi, ils vivent ça en direct, ils ont peur que ça se passe comme à Gaza », confie un expatrié qui, lui aussi, s'interroge sur la suite des événements.
Le bilan humain et l'étendue des dégâts causés par ces frappes nocturnes intenses, les plus violentes depuis 2006, ne sont pas encore connus.
La chaîne de télévision al-Manar, affiliée au Hezbollah, a diffusé samedi matin des vidéos montrant des bâtiments de plusieurs étages rasés. L'armée israélienne a affirmé viser des immeubles résidentiels abritant, selon elle, des dépôts d'armes du Hezbollah, ce que la formation pro-iranienne a démenti.
Le ministère de la Santé libanais a fait état d'un bilan provisoire de six morts et 91 blessés, appelé à s'alourdir. Il a annoncé évacuer les patients des hôpitaux de la banlieue sud vers d'autres établissements «non touchés par l'agression israélienne».