À Istanbul, Sainte-Sophie va dévoiler ses souterrains byzantins au grand public

De nouvelles découvertes vont venir enrichir la formidable histoire de Sainte-Sophie. La « sagesse divine », surnom donné à l’ancienne église de Justinien qui domine Istanbul et le Bosphore, cache sous son architecture byzantine vieille de 1500 ans un réseau de tunnels, de corridors et de tombes qui remontent aux premières basiliques édifiées sur le site au IVe t Ve siècle. Ce labyrinthe, dont la merveilleuse conservation fascine les spécialistes, devrait bientôt être accessible au public. Le ministère turc du Tourisme et de la Culture l’a annoncé le 3 janvier par l’intermédiaire de l’agence de presse gouvernementale Anadolu

Les curieux pourront bientôt déambuler dans les profondeurs de l’édifice, où un réseau de tunnels et de voûtes interconnectés s’étend sur près d’un kilomètre de long. Les archéologues turcs, qui ont restauré les lieux, précisent que ce réseau servait autrefois à la ventilation, au stockage, mais aussi comme site funéraire. Il a ensuite été progressivement abandonné, avant de disparaître sous les couches de terres. 

« Éclairer l’histoire d’Istanbul »

Il y a cinq années de cela, les siècles d’oubli ont laissé place à une prise de conscience collective chez les chercheurs turcs. Soudainement intéressés par les souterrains de Sainte-Sophie, ils décidèrent d’organiser une première étude de visualisation architecturale, rapporte l’agence Anadolu. Ils constatèrent alors que les sections situées sous la cour du portique étaient « aussi anciennes que l’ancienne basilique », révèle Hasan Firat Diker, membre du conseil scientifique de la Sainte-Sophie. Cette découverte, les archéologues la virent comme une possibilité « d’éclairer l’histoire d’Istanbul », d’autant plus que la zone de sépulture a été datée, elle, à une époque encore antérieure. 

Ainsi, le ministère turc du Tourisme et de la Culture a récemment décidé de lancer tout un programme de nettoyage et de restauration. En un an, ils se sont donné l’objectif de réhabiliter les divers tunnels, voûtes et corridors ainsi qu’un caveau du IVe siècle constituée de trois chambres. Cette dernière figure d’ailleurs parmi les vestiges les plus anciens de la région, explique l’agence Anadolu. Au terme de ces travaux, qui ont aussi pour ambition d’améliorer la qualité de l’air de ces souterrains, les visiteurs seront invités à découvrir les plus précieux secrets de Sainte-Sophie.

Plus grand édifice du monde

En parallèle, l’ancienne église, plus grand édifice du monde byzantin avec son dôme de plus de 30 mètres de diamètre, est sujette à un vaste projet de grandes restaurations de sa structure millénaire. Cela, pour venir en aide au système de contreforts et de piliers, fragilisé avec le temps, sur lequel repose la coupole. Mais aussi pour tenter de préserver les mosaïques, affectées par des siècles d’humidité, qui ornent la face intérieure de ce qui était, à sa construction en l’an 537, une basilique chrétienne sous l’empereur byzantin de Justinien Ier

L’édifice, transformé en mosquée après la conquête de Constantinople  en 1453 par le sultan ottoman Mehmed II. Perçue pendant plus d’un millénaire comme l’épicentre religieux de l’empire byzantin et du christianisme oriental, Sainte-Sophie a été transformée en musée interconfessionnel en 1935 par Atatürk, premier président de la République turque et défenseur d’un État laïc. En 2020, son lointain successeur Recep Tayyip Erdogan a fait machine arrière en rouvrant le monument au culte musulman, ce qui n’a pas été sans controverse.