«Si l’Europe veut survivre, elle doit s’armer», plaide Donald Tusk au Parlement européen

«Si l'Europe veut survivre, elle doit s'armer», a déclaré mercredi le premier ministre polonais, Donald Tusk, devant le Parlement européen. Donald Tusk, dont le pays assure au premier semestre la présidence tournante de l'Union européenne, a exhorté les États membres à prendre au sérieux l'appel de Donald Trump à accroître leurs dépenses de défense à 5% du PIB. «Nous sommes à un moment où l'Europe ne peut pas se permettre d'économiser sur la sécurité», a-t-il lancé. «Ce n’est pas nous qui l’avons choisi. Je ne suis pas militariste. (...) Nous avons beaucoup souffert (de la guerre) en Europe, et c’est peut-être pour cela que nous comprenons si bien que pour éviter que notre histoire se répète, nous devons être armés, nous devons être forts et nous devons être déterminés, y compris en termes de capacités de défense.» 

«Relevez la tête, Européens», a-t-il soutenu, en réponse aux inquiétudes suscitées par le retour au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis. «L’Europe était, est et sera toujours grande.» «Ne vous demandez pas ce que les États-Unis peuvent faire pour votre sécurité, demandez-vous ce que nous pouvons faire pour notre sécurité», a-t-il dit, en référence à une célèbre phrase de l’ex-président américain John F. Kennedy exhortant ses concitoyens à l’action. La Pologne, frontalière de l’Ukraine, est l’un des plus farouches partisans du soutien à Kiev dans sa guerre contre la Russie, déclenchée il y a près de trois ans.

«Un signal dangereux à l’agresseur»

De son côté, la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas a indiqué que les États-Unis étaient «l’allié le plus fort» de l’UE et devaient le rester. «Nous dépensons des milliards dans nos écoles, nos systèmes de santé et notre protection sociale. Mais si nous ne dépensons pas plus dans la défense, tout ceci sera mis en danger», a-t-elle mis en garde. «L’an dernier, les États membres dans leur ensemble ont consacré en moyenne 1,9% de leur PIB à la défense. La Russie y consacre 9%», a-t-elle martelé, se disant convaincue que le bloc pouvait faire plus pour aider l’Ukraine face à l’invasion russe. 

Pour Kaja Kallas, il y a un besoin urgent d’investissements de la part des États membres et du secteur privé, mais aussi à partir du budget européen. «L’incapacité de l’Europe à investir dans ses capacités militaires envoie aussi un signal dangereux à l’agresseur», a-t-elle insisté.  La cheffe de la diplomatie européenne a par ailleurs souligné que si la Russie avait des amis, l’UE en avait «plus», mettant en avant la force de l’alliance avec les États-Unis et appelant de ses vœux un nouvel accord de sécurité avec le Royaume-Uni, «partenaire-clé» de l’UE. «Nous avons besoin d’une relation mutuellement bénéfique sur la sécurité et la défense» avec Londres, a-t-elle expliqué lors d’une conférence à Bruxelles. «Un nouvel accord sur ce thème serait la prochaine étape logique».