Premier League : Nottingham Forrest, les clés d’un spectaculaire retour sur le devant de la scène

« La dernière fois que Nottingham Forest a obtenu 28 points après 16 journées en Premier League, le premier smartphone venait d’être mis en vente en 1994 », résume The Athletic. Nottingham Forrest avait pris l’habitude de se conjuguer au passé. Dans les Midlands, on racontait la légende d’un club qui, dans les années 1970, avait poussé de la D2 au sommet de l’Europe (vainqueur de la Coupe d’Europe des clubs champions en 1979 et 1980). Porté un entraîneur à la langue bien pendue, Brian Clough, qui révéla de nombreux joueurs (Peter Shilton, Viv Anderson, Martin O’Neill…) un phénomène qui, de nombreuses années plus loin, inspira un certain José Mourinho.

Cette année, en Angleterre, l’attraction se nomme Nottingham Forrest. Un club qui, sans rêver d’un destin comparable à Leicester, sacré champion en 2016, avance et séduit. Les clés du succès d’une équipe qui joue dans le carré d’or du championnat d’Angleterre (3e, avec 37 points, à 8 points de Liverpool, le solide leader) ?

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Un entraîneur portugais expérimenté

Nuno Espirito Santo (50 ans) qui fut gardien de but à Vitoria Guimares ou Porto. Un technicien qui, depuis 2010, a nourri son expérience (de Malaga à Al Ittihad, de Panathinaïkos à Porto, de Valence à Tottenham, en passant par Wolverhampton) pour étirer la liste des entraîneurs lusitaniens qui s’exportent avec succès (ils sont environ 200 à œuvrer dans des dizaines de pays, selon 24 Heures). Nuno Espirito Santo a signé à Nottingham Forest en décembre 2023 (pour deux ans et demi). Il a terminé l’exercice en serrant les dents (17e) avant de basculer sur la suite avec détermination.

Un état d’esprit irréprochable

Nuno Espirito Santo a expliqué dans le Nottingham Post de quelle façon il a poussé ses joueurs dans leurs derniers retranchements au cours d’une pré-saison exigeante qui comprenait un camp d’entraînement en Espagne. Pour cerner les personnalités, approcher les limites, bâtir un groupe solide. « Lorsqu’ils sont très fatigués, presque morts, c’est là que vous savez vraiment jusqu’où des hommes sont prêts à aller ; lorsqu’ils ont chaud, qu’ils transpirent et veulent de l’eau, mais que vous les obligez à continuer. Ces choses simples, si l’on y prête attention, en disent long sur les caractères. Une fois que vous comprenez leurs comportements, vous pouvez alors, parce que vous les comprenez mieux, savoir sur quels boutons vous devez appuyer au bon moment », a-t-il détaillé sur Skysports. Une des autres forces du technicien portugais est d’impliquer un nombre conséquent de joueurs, ce qui suscite l’implication, valorise les changements.

Un trio d’attaque qui change de dimension

Le Néo-Zélandais Chris Wood (33 ans ; en Angleterre depuis 2009, à Nottingham depuis 2023 a inscrit 11 buts cette saison et figure au 4e au classement des buteurs dominé par Salah), le Suédois Anthony Elanga (passé par Manchester United) et l’Anglais Morgan Gibbs-White (3 buts ; 3 passes décisives), ont en quelques mois changé de peau pour devenir des joueurs qui comptent, têtes d’affiche d’un ensemble qui combine bien sur les coups de pied arrêtés. Les Anglais Eliott Anderson (5 passes décisives) et Callum Hudson-Odoi (2 buts ; 1 passe décisive ; avec de la vitesse et des dribbles déroutants) complétant l’arsenal offensif.

Une défense solide

19 buts encaissés (seuls Liverpool et Arsenal ont fait mieux). Au sein d’une défense compacte, le Serbe Nikola Milenkovic arrivé de la Fiorentina est une vigie rassurante. Et derrière, le gardien de but belge Matz Sels, venu de Strasbourg, veille. « En tant qu’équipe, nous pouvons couvrir plus d’espace. Depuis la fin de la saison dernière, nous nous sommes engagés à améliorer cet aspect. On ne peut pas jouer en Premier League si on n’est pas solide, compact et fort en défense. L’équipe s’en sort bien sur le plan défensif, essentiellement grâce au travail acharné des joueurs, à leur résilience et à leur volonté de mettre leur corps devant le ballon », savoure Nuno Espirito Santo qui a rendu sa fierté à « Forest ». Comme avait su le faire Brian Clough (et son adjoint Peter Taylor). « Depuis sa mort, en 2004, à l’âge de soixante-neuf ans, il a fait l’objet d’une vingtaine de biographies, de cinq statues et a donné son nom à une voie rapide entre Nottingham et Derby. Nottingham, désormais, est la ville de Robin des bois et de Brian Clough », a écrit Vincent Duluc dans L’Equipe, il y a quelques années. Une insouciante bande de joueurs (qui se déplace lundi à Wolverhampton dans le cadre de la 20e journée de Premier League) dirigée par un entraîneur inspiré est peut-être en train d’écrire un nouveau chapitre dont la légende traversera les années…