Vrai ou faux : peut-on faire rouler sa voiture uniquement avec de l’eau ?

Vrai ou faux : peut-on faire rouler sa voiture uniquement avec de l’eau ?

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Les «moteurs à eau» refont régulièrement surface sur les réseaux sociaux. xreflex - stock.adobe.com

L’idée d’un «moteur à eau» refait régulièrement surface sur les réseaux sociaux. À l’appui, un véhicule qui utiliserait un procédé permettant de décomposer l’eau en hydrogène et oxygène, puis de brûler cet hydrogène pour alimenter le moteur.

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Depuis 2016, les réseaux sociaux relaient régulièrement l’histoire d’Alaeddin Qassemi, présenté comme un «inventeur iranien» ayant conçu une voiture fonctionnant à l’eau. Selon ces publications, son véhicule utiliserait un procédé permettant de décomposer l’eau en hydrogène et oxygène, puis de brûler cet hydrogène pour alimenter le moteur, censé parcourir 900 km avec 60 litres d’eau. Rien que cela.

Le dernier post en date à ce sujet cumule les 7 millions de vues sur X. Petit hic, selon la branche persanophone de la BBC, Qassemi n’aurait aucune formation en physique, mécanique ou ingénierie. Et dès 2017, l’agence de presse iranienne ISNA dénonçait d’ailleurs une imposture. Aucune publication scientifique ni aucun brevet n’existent à ce sujet, indique définitivement nos confrères de 20 minutes.

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Pensez-vous, si une telle technologie existait, les constructeurs automobiles mondiaux, qui dépensent des milliards de dollars chaque année en recherche et développement, l’auraient déjà mise au point. C’est l’argument d’un chercheur iranien Shahram Azadi, qui pose la question suivante dans la presse de son pays : «comment ces prétendus inventeurs pourraient-ils réaliser une telle technologie avec leurs ressources et installations limitées, alors que des centres étrangers de plusieurs milliards de dollars n’ont pas fait une telle affirmation jusqu’à présent ?»

Une invention française ?

En France, une vidéo d’archives de 1977 filmée à Rouen circule également sur les réseaux sociaux. Elle montre le «moteur à eau Chambrin», présenté comme une invention révolutionnaire du garagiste normand Jean Chambrin. C’est donc vrai ? La réalité est bien différente : il s’agissait d’un moteur à essence fonctionnant avec un mélange d’eau et d’alcool, l’équivalent d’une voiture essence fonctionnant à l’E85, le superéthanol, explique à l’AFP Louis-Pierre Geffray, expert Mobilité à l’Institut du développement durable et des relations internationales.

Par ailleurs, les performances revendiquées par Jean Chambrin n’ont jamais été vérifiées ni validées par des mesures scientifiques rigoureuses. L’ADEME a cependant financé plusieurs études sur ces systèmes de «dopage à eau» : les résultats ne montraient aucune évolution significative de consommation, d’émissions ou de rendement, que le système soit activé ou non.

C’est impossible

Louis-Pierre Geffray affirme bien à l’AFP qu’un moteur à eau n’est pas envisageable physiquement. L’eau n’est pas un alcool, elle n’est pas inflammable, il n’y a donc pas d’énergie à en tirer sous sa forme liquide. Et l’hydrogène, alors ? Cette molécule peut être notamment obtenue à partir de l’électrolyse de l’eau (une méthode qui permet de réaliser des réactions chimiques grâce à une activation électrique).

L’usage de l’hydrogène dans une pile à combustible est bien la technologie la plus avancée de l’industrie automobile mondiale en matière de carburants alternatifs. Pour autant, techniquement cela n’a rien à voir avec un moteur à eau. Et, «dans le cas du véhicule particulier, l’hydrogène est un non-sens, que ce soit énergétiquement - car il faut trois fois plus d’énergie que pour la batterie électrique - ou économiquement - car cela coûtera trois fois plus cher à l’usage», indique à l’AFP Louis-Pierre Geffray.