Antisémitisme : Aurore Bergé exhorte la gauche non mélenchoniste à « rompre » avec les Insoumis

Antisémitisme : Aurore Bergé exhorte la gauche non mélenchoniste à « rompre » avec les Insoumis

Aurore Bergé invitée du « Grand Jury RTL-Le Figaro-M6-Public Sénat ». NICOLAS KOVARIK/AGENCE 1827/RTL

Très engagée dans la lutte contre l’antisémitisme, la ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes souhaite une « clarification » politique sur le sujet.

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Elle en a fait l’un de ses chevaux de bataille. Trois mois après avoir relancé les Assises contre l’antisémitisme, Aurore Bergé reste en première ligne face à la recrudescence de ce phénomène en France, dont les actes ont explosé depuis les attaques terroristes du 7 octobre 2023 en Israël. Une tendance de fond qui embarrasse une partie de la gauche, en particulier La France insoumise (LFI), accusée d’instrumentaliser le conflit au Proche-Orient à des fins électorales et de souffler sur les braises des tensions communautaires dans l’Hexagone.

Invitée dimanche du « Grand Jury RTL-Le Figaro-M6-Public Sénat », la ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations a relié la poussée antisémite de ces derniers mois (1 570 actes recensés en 2024) à la rhétorique antisioniste de « l’extrême gauche ». « Si on ne sait pas nommer le mal, on ne sait pas le combattre », a assuré l’élue des Yvelines, exhortant la gauche non mélenchoniste à « rompre de manière définitive », « une fois pour toutes », avec les Insoumis, pointés du doigt pour leurs ambiguïtés à l’égard du Hamas et de l’antisémitisme. « Ce seul fait suffit à rompre, évidemment », insiste Aurore Bergé, qui en a profité pour demander aux socialistes, aux communistes et aux écologistes d’« exclure », à l’avenir, « toute possibilité d’accord (électoral) » impliquant LFI, sur le modèle du cordon sanitaire instauré par la droite autour du Rassemblement national (RN).

La « clarification » politique que la ministre appelle de ses vœux doit être claire et durable, et non limitée à des réactions dictées par « les événements, les difficultés, les soubresauts ou la énième polémique ». Pour illustrer son propos, elle est revenue sur le cas du socialiste Jérôme Guedj, symbole du malaise de la gauche sur la question de l’antisémitisme. La semaine dernière, le député de l’Essonne, de confession juive, a été violemment pris à partie lors de deux manifestations par des militants d’extrême gauche qui lui reprochaient sa lecture jugée « sioniste » du conflit Israël-Hamas et son soutien trop timide à la cause palestinienne. Un climat « puant l’antisémitisme », a dénoncé l’intéressé, qui confiait se sentir ramené à sa « judéité ».

«Un vrai risque de délitement de la société»

L’occasion pour Aurore Bergé d’étriller Marine Tondelier, dont les récents propos sous-entendant que la venue de Jérôme Guedj aux manifestations était un brin provocante ont indigné une grande partie de la classe politique. Si la chef des Écologistes s’est excusée depuis, reconnaissant l’existence d’« un antisémitisme d’extrême gauche », la ministre a qualifié la première explication d’« insupportable ». 

« C’est la même réponse que lorsqu’une femme est agressée : on lui dit qu’elle l’a finalement bien cherché. C’est la même chose : “Il est responsable d’antisémitisme par sa seule présence” », a tempêté Aurore Bergé. Et d’ajouter : « Ça veut dire qu’un député juif n’aurait pas le droit d’aller dans une manifestation pour défendre ses convictions. » Le signal, selon elle, d’un « vrai risque de délitement de la société » et du fait « qu’on n’arrive plus à être une nation une et indivisible ».