Déclaration française sur l'"immunité" de Netanyahou: "Un marché diplomatique"

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 A la Une de la presse, la déclaration, hier, du ministre des Affaires étrangères français, qui a évoqué «l’immunité» dont bénéficierait Benyamin Netanyahou, visé par un mandat d’arrêt international de la Cour pénale internationale, s’il se rendait en France.

«Une prise de position en porte-à-faux des réactions précédentes de Paris», «Une volte-face»: le journal libanais L’Orient Le Jour rappelle que le quai d’Orsay avait indiqué, jusque-là et à plusieurs reprises, que Paris «respecterait ses obligations internationales», autrement dit, que si Netanyahou venait en France, signataire du statut de Rome définissant les compétences de la CPI, les autorités françaises devraient l’arrêter. Une position contredite, hier, par la déclaration de Jean-Noël Barrot, sur le fait que le Premier ministre israélien, accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, pourrait finalement bénéficier de «l’immunité» qui lui est octroyée en Israël, non-signataire du statut de Rome. Des propos plus diplomatiques que juridiques d’après Haaretz, qui cite une source israélienne d’après laquelle cette déclaration faisait partie des revendications israéliennes pendant les négociations sur le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah. Un «marché» confirmé par Israël Hayom, qui assure que Paris a cédé aux Israéliens, dans le but d’intégrer le comité international de supervision de cet accord. Selon une source diplomatique israélienne, «si les Français n’avaient pas fait cette concession, (les Israéliens ne les auraient) pas inclus dans l’accord sur le cessez-le-feu».

Les déclarations de Jean-Noël Barrot suscitent des débats et des polémiques. Le Parisien/Aujourd’hui en France explique que l’article 27 du traité de Romeest «clair» que les immunités des personnes accusées «n’empêchent pas la Cour d’exercer sa compétence à l’égard de ces personnes», ce qui veut dire que l’immunité de Netanyahou serait «sans aucune valeur au regard de la CPI». Mais qu’un autre article de ce même traité, l’article 98, «relativise ce point, tout en restant ouvert à interprétations». Conclusion de William Julié, spécialiste en droit pénal international: tout cela crée «une position contradictoire». Dans Le Nouvel Obs, Mathilde Philip-Gay, professeure de droit public, fait valoir, elle, la jurisprudence de la Cour internationale de justice, d’après laquelle il y a en effet  «des immunités devant les juridictions des autres pays mais pas devant la CPI». Selon cette juriste, l’annonce de Paris va en outre renforcer les accusations de «deux poids, deux mesures», puisque le mandat d’arrêt pour Vladimir Poutine, lui, sera appliqué. Une analyse partagée par le site panarabe Middle East Eye, pour qui l’argument français de l’immunité «ne tient pas sur le plan juridique». D’après La Repubblica, cette «nouvelle ligne» est également soutenue à présent par le gouvernement italien. Un changement de pied également observé en Australie.

En France, le gouvernement de Michel Barnier semble en sursis. Après avoir évoqué en début de semaine «le train à grande vitesse» de la censure, L’Opinion et Kak filent la métaphore: Marine Le Pen jette par-dessus bord le volant d’un bolide où elle se trouve avec le Premier ministre: «Ben quoi? On n’a jamais essayé», dit-elle. D’après le journal, le RN serait «plus prêt que jamais à voter la censure, quitte à laisser le pays sans vraie feuille de route». La France, bateau ivre? Le capitaine Barnier, en tout cas, prédit déjà «une tempête assez grave» en cas de censure et La Dépêche du Midi se demande si la France est «au bord du chaos». The Financial Times fait état de la fébrilité des marchés face aux incertitudes sur le sort de Michel Barnier, accusé par ses détracteurs de se livrer à des «prophéties auto-réalisatrices» comme on dit en cours d’économie.

Le Premier ministre, qui se consolera peut-être de ses difficultés en faisant la liste de celles qui planent sur sa probable future tombeuse. Marine Le Pen risque 5 ans d’inéligibilité, 5 ans de prison et 300 000 euros d’amende à l’issue du procès des emplois présumés fictifs du RN au parlement européen, dont la dernière audience a eu lieu hier. Jugement le 31 mars, et détails à retrouver dans Libération.

On ne se quitte pas là-dessus. Si je vous dis qu’il «drache sans arrêt en ce moment à Paris», vous me répondrez sans doute «Et comment!». Mais savez-vous que ce mot nous vient de Belgique, du Nord de la France et des Ardennes, où la météo est rarement au beau fixe? C’est ce que j’ai appris ce matin en lisant le journal belge Le Soir, qui raconte que ce terme est «en voie de dé-régionalisation», c’est-à-dire de plus en plus utilisé. «Est-ce parce qu’il pleut plus, ou plus dru, dans nos régions?»: un lecteur de La Voix du Nord a posé la question à son journal préféré, qui rappelle que la drache «désigne un type d’averse bien particulier, une pluie battante et soudaine, caractérisée donc à la fois par sa force et par le fait de tomber d’un coup». Un terme qui viendrait du flamand «draschen», qui signifie «pleuvoir à verse». La drache n’a donc rien à voir avec le crachin, qui vient du normand «crachiner» ou la bruine, qui vient du latin «pruina», «gelée blanche». Cinquante nuances de pluie: il y en a pour tous les goûts. Personnellement je préfère dire qu’il pleut des seaux ou à la rigueur des hallebardes - beaucoup plus gracieux que le très français «pleuvoir comme vache qui pisse». Ou encore le poème de Verlaine, «Il pleure sur mon cœur/Comme il pleut sur la ville».

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