« Son truc, c’était de m’embrasser de force sur la bouche… » : 60 ans après des violences sexuelles subies au sein de la Compagnie de Jésus, Roland Tran Van témoigne pour obtenir justice

À 72 ans, Roland n’a rien oublié des agressions subies de 13 à 17 ans. Aucune amnésie traumatique, mais cet homme a longtemps gardé le silence. D’ailleurs, personne ne voulait entendre, personne n’a rien vu. Aucun adulte n’a même interrogé, à l’époque, son changement brutal de comportement et sa dégringolade scolaire.

« Quand Louis Mouren m’a choisi, sélectionné, j’étais dans un orphelinat à Saint-Germain-en-Laye, chez les sœurs Saint-Vincent-de-Paul, se souvient avec précision Roland Tran Van. J’étais un gamin intelligent, appliqué. Le père avait un regard très bienveillant, très souriant. » Le jésuite propose de prendre en charge son éducation, via son association les Liens brisés. Louis Mouren se présente en bienfaiteur de jeunes délaissés, abandonnés.

De 1954 à 1985, l’organisation recueillera 1 500 enfants. De nombreuses proies pour ce prêtre au-dessus de tout soupçon, aumônier des prisons décoré de la Légion d’honneur et Ordre du mérite. Il repère de jeunes garçons dans les orphelinats et les place un peu partout en...