VIDEO. Caméras en panne, gardiens endormis… la nuit où Jeffrey Epstein a perdu la vie en prison a été émaillée d'anomalies
Plus de cinq ans après la mort du millionnaire américain accusé d'avoir mis en place un immense trafic de jeunes femmes mineures entre les Etats-Unis et l’Europe, "l'affaire Epstein" conserve un certain nombre de mystères. Celui qui entoure sa mort, notamment. S’est-il réellement suicidé en prison ? Aurait-il pu être assassiné dans sa cellule du Metropolitan Correctional Center de New York parce qu'il en savait trop, comme le pensent ses proches ? En épluchant des milliers de pages récupérées auprès du centre pénitentiaire, un professeur de criminologie a repéré plusieurs éléments troublants. Il les détaille dans cet extrait de "Complément d'enquête".
Aucune ronde cette nuit-là
La nuit des faits, avant que Jeffrey Epstein soit retrouvé au matin pendu avec un drap dans sa cellule, les dysfonctionnements et graves erreurs s'enchaînent. En commençant par les caméras de surveillance qui ne fonctionnent pas (dans l'aile où il était détenu, mais aussi à d'autres étages). "La seule caméra qui fonctionnait parfaitement enregistrait les activités des gardes qui étaient censés la surveiller", explique le criminologue. Les activités... ou plutôt l'inactivité, car les gardiens... dorment. "Et lorsqu'ils se réveillent, ils ne font jamais le tour des étages pour les vérifier. Ils font des achats sur leurs ordinateurs de boulot ! Puis ils se rendorment. Puis ils se réveillent, et font d'autres choses."
Les gardiens qui avaient la surveillance du détenu Epstein étaient deux : Michael Thomas et Tova Noel. Les passages réglementaires dans sa cellule toutes les demi-heures, entre minuit et 6h30, sont bien consignés dans le carnet des visites. Mais face aux policiers, tous deux ont reconnu avoir menti : ils n'ont en réalité effectué aucune des rondes prévues durant la nuit du 9 au 10 août.
Le mystère du détenu fantôme
Une autre pièce du rapport d'enquête a interloqué le criminologue. Dans l'aile où était incarcéré Epstein, il n'y avait officiellement que 73 prisonniers. Pourtant, une note en recense "73 + 1", le 9 août 2019 à 22 heures. "Plus bizarrement encore, fait remarquer le criminologue, le décompte change à 3 heures du matin pour afficher le bon compte. Or, il ne devrait pas changer, parce que nous savons que les gardiens dormaient. Peut-être que quelqu'un a fait une erreur, mais c'est vraiment bizarre [qu'elle ait été commise précisément] à ce moment-là !"
Les preuves matérielles détruites en moins d'une heure
Il est 6h30 du matin à New York quand l'un des gardiens, Michael Thomas, trouve Jeffrey Epstein pendu avec un drap dans sa cellule. On apprendra plus tard que le décès remonte à au moins quatre heures. Avant l'arrivée du FBI, la cellule reste ouverte pendant sept heures, et de nombreuses personnes entrent et sortent. Scène de crime ou scène de suicide, "quoi qu'il en soit, ils l'ont ruinée", constate le professeur de criminologie.
L'expert déplore un autre fait lourd de conséquences : "Les preuves matérielles, à la fois celles dans sa cellule, mais aussi les vêtements d'Epstein, ont été détruites. Tout ça en moins d'une heure après la découverte de son corps." Selon le criminologue, il est désormais impossible de savoir ce qu'il s'est passé, car trop de pièces à conviction ont été souillées ou détruites.
Le ministre américain de la Justice en personne s'est dit choqué par les manquements du centre pénitentiaire mis au jour par l'enquête et a promis des sanctions. Pour autant, personne n'a été poursuivi. Les deux gardiens ont échappé à la prison en passant un accord (tenu secret) avec les procureurs. Ils n'ont pas souhaité répondre aux questions de "Complément d'enquête". Et les autorités américaines n'ont jamais remis en cause la thèse de suicide...
Extrait de "Les derniers mystères de l'affaire Epstein", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 30 janvier 2025.