Drake déclare sa flamme au public français lors d’un concert historique à Bercy
Le pays du plus chic des spiritueux a réservé un accueil royal dimanche soir à « Champagne Papi », dit Drake pour les plus novices. Le rappeur canadien, détenteur d’une dizaine de disques de diamants et lauréat de cinq Grammy Awards, a investi une enceinte de Bercy pleine à craquer pour sa tournée Some Special Show 4 EU. 20.000 spectateurs parisiens, mais aussi tout droit venus des États-Unis, de Grande-Bretagne ou encore du Portugal, ont vibré au son du hip-hop à l’occasion du premier show de l’artiste dans la capitale, où il sera de retour ce lundi soir pour une deuxième et dernière date.
Drake est un monument du rap outre-Atlantique. À lui seul, il cumule plus de 100 milliards d’écoutes sur les plateformes de streaming musical. Sa fortune, en 2023, était estimée à 600 millions de dollars, selon Forbes. Et d’après les dires de Bigflo, du groupe français Bigflo et Oli, certains festivals de renom se seraient attaché ses services pour la modique somme de quatre millions de dollars. Rien que ça. La marque « Drake » bat son plein. La billetterie des deux dates parisiennes affichait complet en moins d’une minute lors de son ouverture en juin. Les fans présents dans la fosse ont déboursé quelque 135 euros pour se rendre au concert. Ceux du carré or ont dépensé jusqu’à 190 euros. Un véritable jackpot.
Passer la publicitéDrake devait alors leur rendre la pareille. Son équipe a organisé un concert unique avec une scénographie des plus spectaculaires. La scène a été pensée comme un terrain de jeu pour l’artiste. Cette dernière, divisée en deux estrades disposées face à face, était jointe par des plateformes faites de plexiglass. Elles entouraient alors une fosse où plusieurs milliers de spectateurs se sont rassemblés. On dénombre également un total de plus de 250 projecteurs lumineux et plus d’une douzaine d’immenses enceintes disposées dans le ciel de l’Accor Arena. Comme tout nord-américain qui se respecte, Drake a vu les choses en grand. Il tenait à faire un retour mémorable à Paris, six ans après sa dernière date dans la capitale. Il présentera plus tard, pendant le concert, ses plus plates excuses au public français.
Une entrée pleine de classe
Mais avant de fouler la scène, le rappeur a laissé son public s’amuser avec un DJ. Ce dernier a lancé les hostilités aux alentours de 20h20. La fosse, tout juste à moitié remplie, a lancé les premiers « pogos » de la soirée, une « danse » consistant à former des cercles avant de se bousculer frénétiquement. Il passe des classiques du rap américain, à l’instar de FEIN! de Travis Scott ou de Band4Band de Lil Baby, à des morceaux francophones comme Dolce Camara de Booba, Matuidi Charo de Niska, Zoo de Kaaris, Djadja d’Aya Nakamura et La Bohème de Charles Aznavour. Il n’a pu s’empêcher de jouer Charger de Triangle des Bermudes, peut-être le hit de cet été 2025 en France. Hasard ou pas, la chanson avait vu sa popularité grimper en flèche après que le DJ de Kendrick Lamar, grand rival de Drake, l’avait diffusé en juillet dernier à Paris La Défense Arena.
Il faudra attendre une heure de plus avant de voir Drake débarquer sur scène. Son entrée est celle d’une icône adulée. À 21h45, l’artiste canadien descend, sous les hurlements de la foule, l’une des tribunes de Bercy. Il serre de nombreuses mains. Son attitude est semblable à celle d’un joueur de football venant de gagner un trophée et qui déambule dans les gradins du stade pour exposer fièrement sa médaille. Le rappeur canadien porte une veste colorée de bleu, de blanc et de rouge, sûrement un clin d’œil au pays où il a posé bagage pendant ces deux jours. Dans son dos est floqué le mot « Louvre ». Ses différents éléments sont le symbole de l’attachement de Drake envers la France. En 2017, à l’occasion d’un autre Bercy, l’artiste avait brandi le drapeau français. Dimanche matin, il a une nouvelle fois envoyé ravi ses fans en publiant des images du film culte des années 1990, La Haine, sur ses réseaux sociaux. « Merci Paris, tu es une ville magnifique », a-t-il lancé pendant le concert.
À lire aussi Drapeaux palestiniens, déprogrammations, slogans... Les festivals d’été rattrapés par la guerre à Gaza
Proximité avec le public
Il débute sur un ton doux et échange vivement avec son public. Drake sera à la hauteur de l’événement quelques minutes plus tard au moment d’interpréter quelques-uns de ses titres les plus célèbres, dont Lets go, qui voit apparaître les premières flammes et feux d’artifice sur la scène. L’artiste canadien s’amuse et multiplie les allers-retours sur les plateformes en plexiglass. Il y met beaucoup d’énergie. Il lance aussi un duel de décibels entre le public présent dans la fosse et celui présent dans les tribunes. Le tube God’s Plan plonge les spectateurs dans une autre dimension. La proximité de Drake avec ses fans va encore plus loin. Il les rejoint dans les tribunes pour s’associer à un DJ pendant plus d’une dizaine de minutes. Le temps de descendre et de rejoindre la scène principale, l’artiste présente le rappeur PartyNextDoor, coassocié de son dernier album Some Sexy Songs 4 U.
Le rythme et l’ambiance instaurés par Drake laissent place à une musique plus sensuelle, plus douce. Le chanteur canadien s’affiche aux côtés de danseuses habillées très légèrement. Les deux artistes se rejoignent finalement peu avant 23 heures. « Champagne Papi », revient tout de Louis Vuitton vêtu, un nouveau clin d’œil adressé aux Français. Et leurs chemins se séparent une dizaine de minutes plus tard. Une demi-heure sera encore réservée à Drake qui va profiter de chaque instant pour diffuser quelques-uns de ses plus gros hits.
Passer la publicitéParmi eux figure notamment You Broke My Heart, sorti l’an passé. Le rappeur fait également une surprise de taille à l’Arena Bercy en invitant son confrère Yeat (13 millions d’auditeurs mensuels sur Spotify) à se produire à ses côtés sur le single IDGAF. Au cours du concert, Drake dira ceci : « Quand je viens ici, c’est l’un des plus grands shows de ma vie, car je ne peux pas faire d’erreur. » Il terminera sa prestation par un message d’amour, rappelant que les concerts peuvent redonner le sourire à des personnes vivant des moments douloureux. Drake a donné un autre rendez-vous ce lundi soir, au même endroit, à la même heure, mais probablement avec une énergie différente.