Du Kid de Cincinnati à Tango, Lalo Schifrin en cinq bandes-son emblématiques

Du Kid de Cincinnati à Tango, Lalo Schifrin en cinq bandes-son emblématiques

Lalo Schifrin passe en revue des partitions avec un membre du Hollywood Big Band lors d’une répétition avant un concert à la Film Music Society, le 6 octobre 2000. VINCE BUCCI / AFP

VIDÉO - Au-delà de Mission : Impossible, le compositeur argentino-américain a marqué l’histoire du cinéma en lui offrant de nombreux thèmes aux inspirations jazzy, classiques ou latinos.

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Lalo Schifrin, l’homme qui a appris avec Olivier Messiaen et fait valser Bruce Lee. Le compositeur ne craignait pas les grands écarts. Décédé jeudi à l’âge de 93 ans, il a signé la bande-son d’une centaine de films, entre plusieurs concertos et albums personnels. Il puisait son inspiration dans le jazz des années 1950, la musique classique contemporaine ou les rythmes latinos. La mélodie à la flûte traversière de la série Mission : Impossible  a marqué des générations. Il l’avait imaginée comme « une partition pour des gens qui ont cinq jambes, dont certaines plus grandes que les autres ». Au-delà de ce titre culte, retour sur sa carrière en cinq bandes originales.

Kid de Cincinnati (1965)

Épique et jazzy, la musique accompagne les quintes flush du kid de Cincinnati, alias Steve McQueen. Un as du poker, qui se lance dans un face-à-face tendu avec le champion du pays. « Il jouait nuit et jour comme un démon et priait pour un jour chanceux », chante Ray Charles à la fin du film sur une partition, elle aussi, signée Schifrin.

The Fox (1967)

Un triangle amoureux dans la solitude d’une ferme canadienne. Adaptation d’un roman de D. H. Lawrence, le long-métrage met en scène deux amies qui se déchirent après l’arrivée d’un jeune homme. Le drame se déroule sur une mélodie sombre et mélancolique de Schifrin. Celle-ci servira, assez paradoxalement, d’inspiration au thème pop et joyeux de la publicité des collants DIM en 1971.

Mannix (1967)

Le détective américain fit fureur sur les écrans de télévision jusqu’au milieu des années 1970. Joe Mannix, cravate dénouée et costume gris, comptait sur son flair et son flingue pour résoudre ses enquêtes. La musique de Schifrin, entraînante en diable avec des cuivres tournant comme des pistons, leur donnait une ampleur supplémentaire.

Bullit (1968)

Le polar de Peter Yates avec Steve McQueen restera comme la première course-poursuite de l’histoire du cinéma moderne. Lalo Schifrin fait grimper la tension avec la guitare basse. Les trombones retentissent à mesure que la Mustang et la Dodge Charger accélèrent à travers San Francisco. Puis silence : la musique cesse pour laisser résonner les moteurs.

Tango (1998)

Figure majeure du cinéma espagnol disparue en 2023, Carlos Saura met en scène un réalisateur malade d’amour, qui se console en imaginant un film sur le tango. Schifrin renouait avec ses racines argentines et une forme musicale qui méritait, selon lui, une sophistication dans l’écriture. « Mon père, qui était chef d’orchestre, n’aimait pas du tout ce genre et l‘avait détendu à la maison. Mais j’allais chez les femmes de chambre en écouter avec elles, tout bas, à la radio », se souvenait le compositeur. Son père aurait peut-être fait une exception pour ce tango-là.