Saint-Nazaire : l’ex-directeur d’un centre de formations paramédicales poursuivi pour des faits de «harcèlement»

Saint-Nazaire : l’ex-directeur d’un centre de formations paramédicales poursuivi pour des faits de «harcèlement»

Entrée de l’Institut de formation en soins infirmiers (IFSI) de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Capture d'écran Google Earth

Un ancien responsable de la formation d’aides-soignants et d’infirmiers est visé par deux plaintes, déposées en janvier. Une quarantaine de témoignages avaient pointé du doigt dès 2019 son comportement inadapté, ponctué de propos à caractère sexistes et racistes.

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L’affaire secouait depuis des années l’Institut de formations paramédicales du centre hospitalier de Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique. L’ancien directeur du centre nazairien était notamment visé par des accusations de «harcèlement moral». Il avait été mis à l’arrêt en janvier, après le dépôt de deux plaintes qui ont permis à la direction de l’établissement d’initier une procédure administrative à son encontre. Une démarche désormais empêchée par la démission en avril du harceleur présumé.

Les syndicats de la structure dénoncent la réaction lente et timorée de l’administration hospitalière, alors que les premiers témoignages sur le comportement de l’ex-directeur de l’institut de formations paramédicales - composé de l’Institut de formation d’aides-soignants (IFAS) et l’Institut de formation en soins infirmiers (IFSI) - avaient été relayés dès son entrée en poste, en 2019. «La personne mise en cause a bénéficié d’un deux poids, deux mesures qui l’a protégé de sanctions administratives, qui ont été très lentes à mettre en place», rapporte au Figaro Emilie Besnard, secrétaire générale de la CGT, au centre hospitalier de Saint-Nazaire, en affirmant que la direction s’embarrasse moins de précautions lorsqu’il s’agit d’ouvrir une enquête administrative à l’encontre d’un agent paramédical.

«Autorité paternaliste nauséabonde»

D’après la CGT, une quarantaine de signalements concordants d’étudiants, d’ex-étudiants et de professeurs aurait été rapportée, en plusieurs vagues, à l’administration hospitalière depuis 2019. Selon les témoignages dont les organisations syndicales ont pris connaissance, l’ancien directeur de l’IFSI-IFAS - un homme «très charismatique» - abusait d’un langage rude et grossier, voire hostile, faisant régner la terreur dans l’établissement. Des propos à caractère sexistes et racistes complètent les allégations de harcèlement moral. Selon Force Ouvrière, consulté par nos confrères de L’Écho de la Presqu’île guérandaise et de Saint-Nazaire, le mis en cause, décrit comme un «manipulateur», était coutumier de «paroles blessantes» et du fait de «rabaisser les élèves devant toute la classe». Une description que confirme la CGT, en ajoutant que l’individu «humiliait ses étudiants, en leur parlant comme à des enfants, par étalage d’une autorité paternaliste nauséabonde».

La situation a finalement été débloquée par les plaintes déposées par deux agents du centre hospitalier. L’établissement n’a pas répondu aux sollicitations du Figaro. «Notre objectif est de permettre au collectif de retrouver la sérénité nécessaire à un bon accompagnement des élèves et étudiants, et d’éviter autant que possible qu’une telle situation puisse se reproduire», a néanmoins déclaré début mai, à L’Écho de la Presqu’île, le directeur des centres hospitaliers de Saint-Nazaire et Savenay, Julien Couvreur.

«La direction nous a rétorqué pendant des années manquer de preuves pour lancer l’enquête administrative. Or, les élèves étaient terrorisés et craignaient des répercussions sur leur parcours professionnel», regrette Emilie Besnard, heureuse malgré tout de voir désormais affluer des témoignages écrits d’anciens étudiants, dans une esquisse de libération de la parole. Le travail de vigilance n’est toutefois pas clos pour autant, prévient-elle. «L’ancien directeur était entouré d’un clan et d’acolytes qui ont laissé faire. Et nous sommes encore à la recherche d’autres victimes potentielles», note-t-elle. Toujours visé par les deux plaintes, le mis en cause a pris, ces derniers jours, de nouvelles fonctions à Brest, dans le secteur privé.