«Bienvenue dans mon restaurant», annonce Laurent Gerra, micro à la main, en costume cravate, chemise blanche près du corps. Sur l’air entraînant de L’aile ou la cuisse, le film de Claude Zidi avec Louis de Funès. Ses musiciens dont Roland Romanelli qui a accompagné Barbara, se tiennent sur une estrade au fond du plateau, dans un décor de cuisine.
La «brasserie Lolo» est chaleureuse. Elle est ouverte depuis 35 ans, mais cette année, elle propose une «nouvelle carte» et des «plats signature» avertit l’humoriste âgé de 56 ans. Sur des tables, recouvertes de nappes rouges à carreaux, et sur un comptoir sont posés des verres de vin rouge et d’eau que le trublion sirotera alternativement.
Sarkozy gêné par son bracelet électronique
Bouche pincée, Fabrice Luchini ouvre le bal pour égratigner le «pot-tofu» vegan. Bon vivant, fin gourmet et gourmand, fils et petit-fils de cuisinières, Laurent Gerra rappelle qu’il préfère «l’andouillette à la graine germée». Chante «Revoir Paris qu’Hidalgo a détruit, c’est magnifique», déplore la mauvaise influence des réseaux sociaux, campe un Nicolas Sarkozy gêné par son bracelet électronique, Emmanuel Macron, le MOF, soit «Meilleur Orgueilleux de France» et sa femme Brigitte, François Hollande de retour avec son casque.
«On ne peut pas tout dire aujourd’hui», répète-t-il pour la plus grande joie de ses fans dont ceux qui l’écoutent sur RTL qui remplissent le Casino de Paris. Leur idole n’hésite pas à mettre les pieds dans les plats, retient parfois un fou rire de galopin. Emprunte la voix saccadée de Léon Zitrone pour commenter la «turlute royale» de Charles et Camilla, celle de Grand Corps Malade pour interpréter la Digue du cul ou encore celle de Michel Sardou pour évoquer les femmes des années 2020, les «ils» et les «elles». Parodie la Cabane du pêcheur de Francis Cabrel, se moque du régime pour lequel Benjamin Castaldi fait de la publicité et de l’Abbé Pierre porté sur la chose.
Un poil macho
Entre ses sketches, en vidéos, des amis comme Claude Lelouch, Michel Drucker, Stéphane Bern et Jean Reno, lui adressent des messages. Un poil macho, pas mal en dessous de la ceinture et franchouillard, Laurent Gerra brosse le public dans le sens du poil. Plume pimentée et verbe direct, il dit «tout» à sa place. Sans tabous. Sa présentation du défilé de burka est inénarrable. La salle n’en peut plus de rire. Le chansonnier nostalgique force le respect avec ses imitations de Serge Gainsbourg, Serge Reggiani, Yves Montand et Johnny Hallyday. Il lui suffit d’un chapeau, d’une mimique ou d’une paire de lunettes pour convoquer ces figures. Bluffant!
Laurent Gerra se met à table au Casino de Paris, jusqu’au 4 janvier 2025.