L’Europe muscle sa défense avec un plan de 150 milliards d’euros de prêts

Face à l’incertitude croissante du soutien américain à l’Ukraine, l’Union européenne franchit un cap historique. Le Conseil de l’UE a adopté le plan SAFE – Security Action for Europe –, un fonds de 150 milliards d’euros destiné à renforcer les capacités de défense du continent.

Ce plan permettra à la Commission de lever des fonds sur les marchés financiers, qu’elle prêtera ensuite à taux préférentiels aux États membres (et à quelques pays associés comme la Norvège ou le Royaume-Uni). Objectif : financer des équipements militaires comme des drones, des systèmes anti-aériens ou de l'intelligence artificielle. Une règle contraignante encadre ces crédits : 65 % de la valeur des projets devra provenir de fournisseurs européens ou ukrainiens.

SAFE n’est qu’un volet d’un programme bien plus vaste : Rearm Europe, qui prévoit jusqu’à 800 milliards d’euros d’investissements dans la défense européenne d’ici 2030. L’Allemagne, en première ligne, a déjà modifié sa règle d’or budgétaire pour autoriser des dépenses militaires illimitées. Le groupe Rheinmetall voit ses commandes et sa valorisation boursière exploser, tandis qu’un écosystème de startups militaro-tech émerge à Berlin.

D’autres pays suivent : la France cherche de nouveaux mécanismes de financements malgré la contrainte budgétaire. La Pologne consacre déjà plus de 4 % de son PIB à la défense et bientôt 5 %. Un seuil dont l'OTAN voudrait faire la règle pour l'ensemble des pays membres.