REPORTAGE. "Notre gouvernement ne fait rien pour mettre fin à cette guerre" : entre sentiment d'impuissance et volonté de défiance, les Israéliens désavouent leur gouvernement
Près de dix jours après l’immense rassemblement pour la libération des otages et un cessez-le-feu immédiat à Gaza, des dizaines de milliers d’Israéliens seront une nouvelle fois dans la rue mardi 26 août. L’objectif : faire plier le gouvernement, alors que Premier ministre Benyamin Nétanyahou réunit un cabinet de sécurité pour décider de retourner ou non à la table des négociations.
À Jérusalem, la place de Paris s'apprête à accueillir des dizaines de manifestants affublés d'un bandeau jaune, en solidarité avec les 50 otages toujours à Gaza. "C’est la seule chose que l’on peut faire, glisse Noga. Notre gouvernement ne fait rien pour mettre fin à cette guerre. Nous devons donc hausser le ton."
L'impression de ne pas être écoutés
Malgré un sentiment d'impuissance et l'impression de ne pas être entendue, l'Israélienne défilera, une fois de plus, sans attendre grand-chose de Benyamin Nétanyahou. "Par moments, ça me semble inutile, avoue-t-elle. Mais on ne peut pas abandonner. Les gens, dans le monde entier, nous voient comme des criminels de guerre, ils dénoncent un génocide. C’est douloureux."
"C’est tellement difficile de vivre avec ce conflit sans fin. J’espère juste que cette guerre va bientôt se terminer."
Noga, manifestante pour la libération des otages israéliensà franceinfo
Yehouda a écouté l’échange de loin. Lui qui se dit électeur du parti centriste de Yaïr Lapide ne partage pas du tout l’avis de Noga. "Si on arrête la guerre, la guerre arrivera ici. Le Hamas a une doctrine : il veut annihiler chaque Juif. On ne peut pas accepter qu’il reste au pouvoir. Tous les civils à Gaza participent au mouvement. Ils sont tous du Hamas", estime-t-il. Pour lui, Benyamin Netanyahou "est un Premier ministre trop clément". Yehouda poursuit : "Si ça ne tenait qu’à moi, j’arrêterai la guerre immédiatement. En deux jours, j’occuperai Gaza et tant pis pour les civils".
Contre ce type de discours extrême, les manifestations sont inutiles, selon Avia, qui va donc rester chez lui au lieu de défiler. "Ce n’est pas comme ça que l’on provoque un changement politique", assène le jeune homme qui vote à gauche. Il veut désormais changer de braquet pour faire plier le gouvernement.
" On peut se mettre en grève, pas pour un jour, mais pour une semaine ou pendant un mois. Pas de travail, on reste à la maison et on bloque le Parlement."
Avia, électeur israélien de gaucheà franceinfo
Avia conclut que le pays est dans une impasse. Pour lui, les contestataires doivent hausser le ton et se montrer plus violents, pour être enfin entendus.