Alors que la France fait face à ses premiers feux de l’été, reportage avec les pompiers sentinelles
La radio grésille puis s’emballe. Un opérateur du Codis 66, le centre opérationnel départemental d’incendie et de secours des Pyrénées-Orientales, s’alarme et demande aux tours de guet « une visée ». L’homme transmet une position approximative, proche d’Argelès-sur-Mer. Les jumelles sont dégainées. Luna Lecarpentier, guetteuse, fixe au loin et tente de repérer un signe de fumée. « On est gêné par la crête de la montagne en face de nous, regrette-t-elle. Cette fois, on ne verra rien. » Quatre autres tours sont actives ce jour-là. L’une d’elles confirme à la radio la fumée naissante. Immédiatement de gros moyens sont dépêchés et l’incendie qui menaçait un village vacances sera maîtrisé en deux heures.
Des appels radio pour faire une visée, les guetteurs en reçoivent plusieurs par jour, souvent pour vérifier une alerte transmise au Codis par des appels de citoyens aux numéros d’urgence (18 ou 112). Pour Luna Lecarpentier, 24 ans, ces moments d’adrénaline viennent interrompre la contemplation tranquille du paysage qui constitue l’essentiel du temps consacré à guetter. Celle qui est aussi pompière volontaire a décidé de passer une bonne partie de son été juchée à plus de 1 000 mètres d’altitude, dans la tour du Boularic, qui surplombe la ville de Céret et offre un panorama à couper le souffle sur toute la plaine du département.
Le principe de la triangulation
Pour l’atteindre, il faut rouler une bonne demi-heure, puis laisser la voiture et terminer à pied en crapahutant à flanc de colline sur...