Voitures d’occasion : les bloqueurs de compteurs kilométriques, une fraude presque indétectable

Voitures d’occasion : les bloqueurs de compteurs kilométriques, une fraude presque indétectable

Le compteur peut être activé ou désactivé sur commande. Gilles PARNALLAND - stock.adobe.com

Cet outil, qui permet d’intercepter les signaux envoyés par le capteur de vitesse au compteur kilométrique, est facilement accessible sur internet.

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3 à 6% des voitures auraient un compteur trafiqué sur le marché français de l’occasion *. Mais les méthodes se modernisent. Auparavant, les escrocs procédaient au démontage physique du tableau de bord, en manipulant à la main les tambours numériques. Un tournevis, une pince, et le tour était joué. Reste que la manipulation laissait des traces visibles avec des marques de démontage. Il y a une quinzaine d’années, une méthode électronique est apparue. Un boîtier à brancher sur la prise OBD (le système de diagnostic embarqué du véhicule), permettait alors de reprogrammer le nombre de kilomètres, sans aucune connaissance technique.

La nouvelle méthode redoutable

En 2025, la fraude est encore plus développée. Cette fois ils utilisent un dispositif conçu pour empêcher l’enregistrement des kilomètres parcourus par un véhicule sur son compteur kilométrique. Ainsi, le bloqueur de kilométrage est installé entre le compteur de vitesse et le câble qui relie le tableau de bord. Techniquement, le dispositif intercepte les signaux envoyés par le capteur de vitesse au compteur kilométrique. Pour pas que cela ne se remarque, les bloqueurs de kilométrage peuvent être activés ou désactivés à l’aide de commandes spécifiques sur le volant ou via une application mobile.

Ce type de technologie est facilement accessible. Par exemple, le «SFKspeed» (Super Kilometer Filter), est fabriqué en Allemagne et disponible en quelques clics pour quelques centaines d’euros selon le modèle de la voiture. Certes, le fabricant prend la peine de préciser que l’usage est strictement destiné à un usage technique et professionnel (tests, développements, essais) et non à la fraude, on imagine qu’il peut facilement tomber entre de mauvaises mains. Son utilisation sur route ouverte est interdite, indique aussi la marque qui «décline toute responsabilité en cas d’utilisation inappropriée ou d’infraction à la législation».

Selon nos confrères de l’Automobile Magazine, la police néerlandaise aurait récemment saisi une trentaine de compteurs chez des personnes qui revendaient des voitures d’occasion. Un juge a prononcé la destruction des véhicules, pour éviter que des acheteurs ne soient floués.

Une seule solution

Mais pas de panique. Le gouvernement a ouvert il y a quelques années une plateforme nommée HistoVec qui enregistre les kilométrages relevés lors des contrôles techniques obligatoires depuis janvier 2021. En entrant le numéro d’immatriculation ou la carte grise, l’acheteur accède à l’historique des kilométrages enregistrés à chaque contrôle technique, il faut alors détecter s’il y a des incohérences. Par exemple, une stagnation suspecte du kilométrage entre deux contrôles peut mettre la puce à l’oreille...

*Estimation, basée sur les données de Carvertical, un site qui permet d’acheter un rapport sur l’historique des véhicules, et celles de Carly, une entreprise allemande spécialisée dans le diagnostic mécanique.