«Bruno est furax ! On ne peut rien écarter». Dimanche, peu de temps après l’annonce officielle du gouvernement, le président des Républicains a annoncé la convocation d’un comité stratégique. La composition du gouvernement est clairement dans le collimateur du ministre, ulcéré par les signaux envoyés par Sébastien Lecornu.
En réalité, au fil de la soirée, la tempête couvait en coulisses. Lorsque le nom de Bruno Le Maire commençait à circuler, certaines figures du parti LR ne cachaient pas leur surprise, voire leur indignation. Alors que Les Républicains venaient d’acter majoritairement le principe d’une participation au gouvernement, Bruno Retailleau s’est rendu à Matignon pour présenter la décision de la droite au premier ministre mais également pour vérifier que la composition du gouvernement pouvait être compatible avec les attentes des Républicains.
Passer la publicitéLa nomination de Bruno Le Maire a fait déborder le vase
Or, selon nos informations, le chef de la droite n’était pas du tout au courant de l’intégration de Bruno Le Maire dans l’équipe gouvernementale. Et pour beaucoup à droite, cette annonce est apparue comme la goutte d’eau qui a fait déborder un vase déjà très plein.
Tout au long du week-end, le renoncement au 49.3 concernant le budget comme l’annonce d’une taxe sur le patrimoine financier, étaient observés avec circonspection. La nomination surprise de Bruno Le Maire a surgi comme une cerise indigeste sur le gâteau, après l’arrivée prévisible de Roland Lescure à Bercy jugé très à gauche et celle d’Éric Woerth sur les collectivités, qui avait laissé un petit parfum de «trahison» à droite. Le retour surprise aussi de la loi sur la fin de vie au Sénat avait également provoqué de vives protestations et d’incompréhensions au sein du parti LR.
La menace de démission de Lisnard
Dimanche soir, la menace claire de David Lisnard, prêt à rendre son tablier de vice-président LR et de quitter Les Républicains n’était que l’illustration d’une défiance croissante à droite. Sur X, le maire encore LR de Cannes a dit sa réprobation et sa stupéfaction : «Donc, LR accepte - sans consulter les instances - de participer à un gouvernement sans en connaître les principaux membres ? Dans le contexte actuel ? En sachant le risque d’apparaître complice du dernier soubresaut du macronisme agonisant ? Tout cela est affligeant et il est impossible pour moi de rester vice-président. Si cette participation au gouvernement est confirmée demain, je ne continuerai qu’avec Nouvelle énergie (le microparti fondé par Lisnard, NDLR)».
En convoquant un comité stratégique de toute urgence, Bruno Retailleau a voulu montrer qu’il n’était pas prêt à avaler toutes les couleuvres de la macronie. Dimanche soir, un proche du président LR n’écarte plus rien. «Derrière cette nomination, il n’y a pas de rupture. On reprend des anciens qui n’avaient pas beaucoup mérité mais il y a aussi une forme de déloyauté. Les choses commencent bien mal». Au point de renoncer au ministère de l’Intérieur ?