Que sait-on sur les taxes que l’UE veut imposer aux véhicules électriques fabriqués en Chine ?

Depuis octobre dernier, les services de la concurrence examinent à la loupe les subventions dont bénéficient certains constructeurs chinois et décident ensuite du niveau de taxation qui leur sera infligé. SAIC, le partenaire de VW en Chine dont la MG4 cartonne en Europe, va écoper de plus de 36% de droits de douanes, ses compatriote Geely et BYD de respectivement 19 et 17%. Les marques qui ont bien coopéré avec les enquêteurs européens bénéficieront, elles, d’un taux réduit de 21,3%. Ces taxes remplaceront les provisoires mises en place en juillet et s’ajouteront aux 10% de droits de douanes déjà appliqués par l’Union européenne.

Tesla était aussi dans le collimateur de la Commission car la marque d’Elon Musk exporte vers l’UE depuis la Chine. Mais selon Bruxelles, elle a "pleinement coopéré" et a pu prouver qu’elle ne bénéficiait pas de subventions massives chinoises. Tesla s’en sort donc plutôt bien avec une taxe supplémentaire de seulement 9%.

Inciter les constructeurs chinois à produire en Europe

L’idée de l’UE est de rétablir un certain équilibre avec les constructeurs européens, dépassés par cette concurrence déloyale. Outre les subventions d’État, les coûts de production sont beaucoup plus faibles en Chine. Les ventes de véhicules électriques made in China ont été multipliées par plus de sept en trois ans, de 57 000 en 2020 à plus de 437 000 en 2023, d’après Eurostat.

L’Europe veut également inciter les fabricants chinois à venir produire en Europe. Certains ont d’ailleurs anticipé la décision de Bruxelles : BYD a ouvert une usine en Hongrie et SAIC va bientôt annoncer où sera son usine européenne. Enfin Leapmotor s’est associé à Stellantis qui pourrait lui ouvrir les portes de son site de production en Pologne.
 
La France, elle, n’a pas attendu Bruxelles pour agir. Depuis le début de l'année, les voitures électriques fabriquées en Chine sont privées du bonus écologique de 4 000 euros. Résultat : leurs ventes ont été divisées par deux sur les cinq premiers mois de l'année, selon le ministère du Commerce extérieur. 
Les 27 voteront sur les taxes définitives d’ici fin octobre. Sauf coup de théâtre et/ou accord avec Pékin, les droits de douanes seront appliqués dans la foulée. En attendant, la Chine a exprimé son "profond mécontentement" face à une décision "protectionniste" qui "attisera", selon elle, les tensions commerciales.