On s’attendait à être reçu dans un bureau muséal, au premier étage de la prestigieuse boutique de porcelaine dont il porte le nom. Avec une hauteur sous plafond à donner le vertige et des moulures décoratives aux murs. Il n’en est rien. Nous rencontrons bien Michel Bernardaud rue Royale (Paris 1er), mais dans un bureau « mouchoir de poche », sous les toits. L’entreprise familiale, qu’il dirige depuis 1994, vient de racheter Haviland, maison créée par l’Américain David Haviland, en 1842, pour répondre à la demande de la clientèle outre-Atlantique. Cette actualité nous donne aussi l’occasion de revenir sur le retour de la belle vaisselle, qui n’a jamais été aussi tendance qu’aujourd’hui. Exhumée des buffets de nos aïeuls durant la crise du Covid, elle est sur toutes les tables des dîners en ville. Omniprésente sur les réseaux sociaux.
Un phénomène qui fait les beaux jours de la maison Bernardaud. Depuis 2021, celle-ci affiche une croissance insolente, à deux chiffres, et a embauché près de 300 personnes dans sa manufacture de Limoges. La crise des années 2000 est bel et bien oubliée. Mais Michel Bernardaud a le triomphe modeste. « Mon mérite, c’est d’être né. Ce que je fais, c’est parce qu’il y a eu les autres, quatre générations de Bernardaud avant moi », note ce sexagénaire.
Il n’empêche, Michel, cinquième génération de Bernardaud, fait figure de gardien du temple. Discret mais efficace. Contre vents et marées, il garde le cap. N’hésitant pas à faire le dos rond quand il le faut. « Nous sommes avant tout une famille d’industriels, et l’industrie française a beaucoup souffert depuis vingt ou trente ans. Mais nous sommes résilients, nous avons…