"Alice Guy, la plus audacieuse des pionniers du cinéma" de Véronique Le Bris, aux éditions Hors Collection

Alice Guy, c’est l’une des 10 femmes dont on a vu jaillir la statue pendant de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, sur la Seine. Elles étaient sorties de l’eau, ces 10 statues dorées, et c’était une façon de sortir de l’oubli, aussi, pour Alice Guy. Personnage majeur de l’histoire du cinéma, c’est elle qui a réalisé le tout premier film de fiction français, en 1896.

De secrétaire à réalisatrice

Alice Guy n'était pas destinée à participer à l'invention du cinéma, puisqu’à l’époque elle travaillait comme simple secrétaire pour la société Gaumont, qui vendait des caméras. Elle a proposé à son patron, Léon Gaumont, d’utiliser ces caméras pour raconter des histoires.

Gaumont n’y croyait pas trop, il voyait ça comme "une affaire de jeune fille", mais il a laissé faire et c’est ainsi qu’Alice Guy est devenue la première réalisatrice de l’Histoire avec un film qui s'appelle La fée aux choux.

Le succès est immédiat et c’est le début d’une aventure extraordinaire que retrace ce livre : Alice Guy enchaîne les tournages, elle écrit, elle réalise et elle s’impose comme LA responsable artistique de Gaumont, c’est-à-dire qu’elle supervise toutes les productions de la société. Puis elle part aux États-Unis et, là aussi, c’est un succès.

Les États-Unis à ses pieds

Installée sur la côte Est, elle fait construire son propre studio, crée sa propre compagnie, tourne et produit sans arrêt : des comédies, des drames, des westerns, des films de guerre, des centaines de films, avec souvent des premiers rôles écrits pour des femmes – chose rare, à l’époque.

Elle séduit les critiques, elle survole le box-office et puis arrive la fin des années 1910, les grands studios s’installent à Hollywood et leur puissance écrase tout.

Alice Guy est soudainement balayée, elle est ruinée et elle doit rentrer en France, où elle va rapidement être oubliée par le grand public et négligée par les historiens.

Effacée par Léon Gaumont

Il faut dire que son ancien patron, Léon Gaumont, n’a pas vraiment aidé, puisqu’il a tout simplement décidé de ne pas parler d’elle, quand il a écrit un livre sur l’histoire de sa société, dans les années 1930.

Elle lui en a voulu, évidemment, elle s’est battue pour essayer de ne pas disparaître des mémoires, pour retrouver ses films, pour faire reconnaître son travail, tout cela est raconté également dans cette biographie.

Il a fallu attendre le 21ème siècle pour la redécouvrir véritablement, notamment grâce au mouvement MeToo.

On commence donc à connaître son nom, il faut maintenant connaître son histoire.