Sahara occidental : dans les camps de réfugiés sahraouis, cinquante ans d’exil et de combat anticolonialiste
Camp de réfugié sahraoui d’Ausserd, Tindouf (Algérie), envoyé spécial.
Passé le mur d’enceinte ocre du siège de la wilaya d’Ausserd, un majestueux arganier trône dans la cour intérieure. Sur son tronc noueux, un petit drapeau a été dessiné. Un triangle rouge sur la gauche, trois bandes noires, blanche et verte : le novice le confondrait aisément avec celui de la Palestine. Mais celui-là comporte un croissant et une étoile rouges en son centre.
Cette bannière est celle de l’exil : voici cinquante années précisément qu’une partie du peuple sahraoui a trouvé refuge ici, dans ce reg du Sahara pourtant réputé inhabitable. Bobbih, traducteur du Front Polisario, est arrivé ici en 1975. Il n’a jamais perdu son solide sens de l’humour. « Ausserd, Smara, El Aioun, Dakhla, Boujdour : on a gardé les noms des wilayas (division administrative – NDLR) de notre pays dans les territoires occupés. Comme ça, quand on retournera chez nous, on ne sera pas perdus ! » sourit-il.
Chez les Sahraouis, ce sont les femmes qui gèrent tout
Sur la gauche, une porte donne sur une salle de réception, ceinte de sofas de velours rouge. Voici la gouverneure d’Ausserd, une des cinq wilayas des camps de réfugiés de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), situées à quelques dizaines de kilomètres de la ville algérienne de...