REPORTAGE. Présidentielle américaine : la guerre au Proche-Orient rebat les cartes pour les indécis parmi les minorités juive et arabe aux Etats-Unis

La campagne présidentielle est entrée dans son dernier mois aux États-Unis, avec Donald Trump et Kamala Harris toujours au coude-à-coude dans les sondages dans les "swing states", ces États bascules. Les deux camps essayent de prédire comment vont voter les indécis, encore très nombreux, notamment dans des communautés qui d’habitude penchent plutôt pour le parti démocrate. Arabes et juifs américains sont particulièrement courtisés, sur fond de guerre au Proche-Orient qui brouille les pistes.

L’alerte est venue des derniers sondages : chez les Arabes américains, les promesses de vote s’équilibrent, entre Trump et Harris, alors que cet électorat a toujours largement voté démocrate. La guerre au Proche-Orient depuis un an, y est clairement pour quelque chose, selon Layan, militante du People’s Forum, un organisme d’éducation populaire marqué à gauche. "La plupart des mosquées de la société islamique ont dit qu'ils n'allaient pas voter pour les démocrates, mais pour quelqu'un d'autre qui a une position contre la guerre en Palestine, raconte-t-elle. Donc cela va beaucoup coûter aux démocrates." Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que Kamala Harris a tenu la semaine dernière à rencontrer, dans le Michigan, des leaders de l’importante communauté arabo-musulmane de cet État-clé.

Les doutes de la communauté juive

Dans la Pennsylvanie voisine, c’est la communauté juive qui représente des dizaines de milliers de votes potentiellement indécis. Elle aussi a été ébranlée par le 7 octobre 2023 et de tout ce qui a suivi. Elle a constaté une montée des actes antisémites, notamment à Pittsburgh. C’est là que vit Delphine Amarilio, franco-américaine. Elle va voter pour Kamala Harris, mais cette élection la fait douter plus que les précédentes. "Toutes ses idées au niveau social, je les partage, avortement, armes à feu... Je suis démocrate, on a les mêmes idées", assure-t-elle.

"Le fait qu'elle ait émis des réserves sur le soutien qu'elle apporterait à Israël pendant sa présidence fait que je souhaite qu'elle soit élue, mais je ne suis pas à 100%."

Delphine Amarilio, franco-américaine

à franceinfo

La campagne de Donald Trump a bien senti ces doutes. L’ex-président fait tout pour se présenter comme le meilleur allié d’Israël, en particulier auprès des électeurs juifs orthodoxes et conservateurs. Mais Chip Mayers, lui, reste fidèle au parti démocrate. "Trump ne roule que pour lui-même, assure-t-il. Il peut afficher son soutien à Israël s’il estime que ça va lui rapporter des voix, mais je ne crois vraiment pas qu’il soit un allié indéfectible d’Israël."

Et puis comme disent Chip et sa femme Dana, ce n’est pas parce qu’on est un électeur juif américain qu’on vote seulement en fonction du soutien ou non des candidats à l’État d’Israël. "Je ne pense pas que beaucoup des nôtres aillent voter Trump. Mais s’ils ne vont pas voter, alors ce sera comme s’ils votaient Trump." L’abstention est sans doute le vrai risque pour Kamala Harris dans un État comme la Pennsylvanie, où l’élection devrait se jouer à quelques milliers de votes.