La «production absolument unique» vantée par la région ne verra pas le jour à Lyon. Après quatre premières représentations à Clermont-Ferrand l’an dernier, puis la suspension des dates lyonnaises au printemps, la société productrice du spectacle Raconte-moi la France a été placée en liquidation judiciaire selon une information de Rue89Lyon. De quoi raviver les critiques de l’opposition de gauche au conseil régional, qui vilipendait une «lecture réactionnaire» de l’histoire de France et exige désormais le remboursement des 500.000 euros engagés par la collectivité.
Dans un courrier daté du 10 octobre et signé notamment de la main de Najat Vallaud-Belkacem, les élus socialistes d’Auvergne-Rhône-Alpes demandent au président, Fabrice Pannekoucke (LR), «d’engager toutes les démarches nécessaires auprès du tribunal de commerce de Versailles afin d’obtenir le remboursement intégral de la subvention versée». «Il en va non seulement de la bonne gestion des derniers publics, mais également de la crédibilité de la politique culturelle régionale, qui ne saurait s’accommoder d’une telle défaillance», écrivent-ils.
Passer la publicitéLe contrat est rempli pour la région
La région assure de son côté que le demi-million d’euros engagé l’a été sous forme d’un contrat d’achat d’espaces promotionnels, et non de subvention. Le contrat, comportant «des éléments de visibilité», «la mise à disposition de plusieurs milliers de places» et «des journées consacrées aux lycéens auvergnats avec découverte des métiers du spectacle», portait uniquement sur les dates auvergnates indique la collectivité. «La production a donné satisfaction pour l’ensemble de ces prestations», précise-t-elle. Une avant-première a aussi été organisée pour 600 lycéens, souligne la région qui n’envisage donc pas de recours.
Le spectacle imaginé par Bruno Sellier ambitionnait de raconter 2000 ans d’histoire de France en 57 scènes, 3000 costumes et deux heures de show. La région avait souhaité que la première se joue à proximité du plateau de Gergovie, à Clermont donc. «En respectant l’exigence historique, ce spectacle nous promet de grands moments artistiques avec comme objectif de mettre l’histoire de France à la portée de tous, vantait ainsi Laurent Wauquiez, alors à la tête de la région. Il véhicule des valeurs qui me sont chères : la passion de l’histoire et la transmission de ses enseignements».
À l’inverse, la gauche y voyait «la promotion d’un roman national biaisé, répondant à un agenda réactionnaire qui instrumentalise l’histoire de France». Après les dates lyonnaises et clermontoises le projet à 9 millions d’euros devait prendre la route pour une tournée nationale. La région dit espérer que le spectacle puisse reprendre prochainement.