«On ne nous appelle plus pour un oui ou pour un non»: après l'affaire McKinsey, les cabinets de conseil sevrés de missions dans le secteur public

Le rideau est tombé en France pour l’américain McKinsey. Emporté dans un scandale d’État et une tourmente médiatique au lendemain de la pandémie, le géant du conseil était jugé trop influent sur la gestion des crises et l’élaboration des politiques publiques. Désormais, il tente de faire preuve de discrétion dans le pays… Pour le plus grand bonheur de ses rivaux, passés sous les radars au moment de la polémique, et qui profitent aujourd'hui de ses déboires. «Nous avons pris la décision en 2021 de ne plus participer à des appels d'offres publics en France jusqu'à nouvel ordre», confie au Figaro Jean-Christophe Mieszala, associé senior chez McKinsey.

Les critiques de l’opinion publique et les révélations de la commission d’enquête sénatoriale sur les achats de prestations de conseil par l'État ont mis à mal une partie de ce marché. «Disons que certaines administrations publiques n'appellent plus aujourd’hui pour un oui ou pour un non…», résume un associé parisien d'un grand cabinet de conseil. «Il y a un ralentissement des commandes publiques auprès des cabinets de conseil, dû à une certaine autocensure des responsables des administrations et des ministères», abonde côté David Ifrah, délégué général de Syntec Conseil.

Le gouvernement a promis de diminuer son recours à l’externalisation des compétences et sa dépendance à ces entreprises privées. Pour la période 2023-2027, il promet de limiter à 150 millions d’euros le coût des prestations de conseil du secteur public, contre 226 millions en 2018-2022. Ce ralentissement est déjà visible dans les administrations centrales. La direction interministérielle de la transformation publique (DITP), principal guichet des missions de conseil conduites par les ministères, a procédé à d’importantes coupes dans ses budgets. De janvier 2022 à la fin du premier trimestre 2023, les ministères de l'Intérieur et des outre-mer ont été les meilleurs élèves en termes de réduction des dépenses de conseil, avec des baisses respectives de 80% et 40%. L’exécutif s’est engagé pour les quatre prochaines années à plafonner chaque mission de conseil à deux millions d’euros. Au-delà de cette somme, un appel d'offres distinct devient obligatoire, une façon de décourager les ministères en multipliant les procédures…

Ce changement d'atmosphère a créé des turbulences dans les finances des géants du conseil…

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