Déployer 200 000 soldats européens pour la paix en Ukraine : "Ça me paraît totalement illusoire", réagit un ancien militaire français
"200 000 hommes, ça me paraît totalement illusoire", estime jeudi 23 janvier sur franceinfo Peer de Jong, vice-président de l'institut Themiis et ancien colonel des troupes de marines, alors que Volodymyr Zelensky affirme que c’est le nombre de soldats européens nécessaires pour garantir la sécurité de l'Ukraine en cas de trêve avec la Russie. Ce chiffre est "extrêmement politique et n'a aucun rapport avec la réalité", explique l’ancien colonel. C’est "absolument impensable", ajoute-t-il.
Alors qu’un hypothétique cessez-le-feu est discuté depuis plusieurs mois dans les chancelleries occidentales, c’est la première fois que le président ukrainien annonce publiquement un tel chiffre. "Il faut bien prendre en compte que ni l'OTAN ni les Américains ne vont mettre un pied en Ukraine. Ça serait impensable pour Poutine", explique Peer de Jong. Restent alors les troupes européennes, mais elles "n'ont pas les effectifs", selon lui. Pour la France, par exemple, "l’outil de combat français de l'armée de terre, c’est en gros 80 000 hommes. Donc, supposons qu'on puisse en projeter 20 ou 25 000 avec l'armée de l'air et la marine, vous vous rendez compte de la pression que ça s'impose", explique-t-il.
"On peut mettre en place 20 000 hommes, pourquoi pas sur un 'one shot' pendant un an, par exemple. Mais bien évidemment, ça peut durer plusieurs années, voire plusieurs dizaines d'années", poursuit-il. Un autre argument rend l’hypothèse peu probable, c’est celui du financement d’une telle opération : "20 000 hommes pour les Français, ça serait un effort considérable et qui finance cette opération", s’interroge-t-il. "Ça impliquerait en tout cas une augmentation du budget de la défense actuel. On est à 2% du PIB, donc en gros 47 milliards par an. Il faudrait passer à 80 milliards ou 90 milliards par an, on voit qu'aujourd'hui, il n'en est pas question du point de vue budgétaire", conclut-il.