Loi immigration : Anne Hidalgo veut faire de Paris «une terre de résistance» face à un texte «populiste»

La maire de Paris veut faire de la capitale une «terre de résistance démocratique et humaniste» face au «populisme» qui menace, selon elle, la France. C’est le message qu’Anne Hidalgo a adressé lundi après-midi au personnel de l’un des trois centres médico-sociaux de la ville en présence de plusieurs élus parisiens. «Nous voulons l’affirmer, le dire : ici, à Paris, nous continuerons à faire vivre cette dimension humaniste, multiculturelle, d’accueil inconditionnel, parce que c’est dans notre ADN», a déclaré l’élue socialiste. Ce déplacement s’est tenu deux heures avant le début de la commission mixte paritaire (CMP), qui pourrait entériner dès lundi soir un projet de loi immigration durci à la suite d’un accord entre la majorité présidentielle et Les Républicains.

Anne Hidalgo n’a pas caché son désarroi face à un projet de loi qu’elle juge «purement et simplement inacceptable». Elle a déploré que le texte issu du Sénat, qui pourrait être repris en grande partie à l’issue de la CMP, «crée un grand amalgame» et rend «les étrangers responsables de toutes nos difficultés». La maire de Paris s’est appesantie sur deux dispositions en particulier : le remplacement de l’aide médicale d’État (AME) par une aide médicale d’urgence (AMU) plus restrictive, ainsi que le conditionnement du versement des aides sociales non contributives à une présence de plusieurs années sur le territoire national.

Un appel à toutes les villes de France

L’ancienne candidate à l’élection présidentielle perçoit dans la possible adoption de ces mesures le résultat d’un «populisme» contre lequel elle tient à s’inscrire en faux. «Il y a des pays où les populismes ont beaucoup prospéré : la France en fait partie. Il y a des pays où ils sont déjà au pouvoir : est-ce déjà le cas de la France ?», a-t-elle feint de s'interroger. De quoi assimiler aux yeux d’Anne Hidalgo la France à la Pologne, où un parti populiste a gouverné de 2015 à 2023. «En Pologne, la résistance s’est faite où ? Dans les grandes villes, à Varsovie, à Gdansk. (...) S’il faut, et il le faut, adopter la même attitude de résistance et de combativité qu’ont eue nos collègues à Varsovie (...), à résister, à s’opposer, eh bien oui, nous serons une terre de résistance démocratique, humaniste. C’est ça l’image de Paris», a martelé la maire de la capitale.

Au-delà de Paris, Anne Hidalgo a appelé l’ensemble des villes à «résister». «Les villes en particulier sont des espaces ouverts, progressistes, où viennent ces personnes à la recherche de protection parce qu’elles fuient la guerre, la misère, le terrorisme», a-t-elle décrit au milieu de plusieurs élus de la capitale. «Notre pays ne peut pas dériver sur cette pente populiste dangereuse», a affirmé la première édile, suscitant l’assentiment de la petite assemblée.