Cannes 2025 : Nadia Melliti, prix de la meilleure actrice pour La Petite Dernière

Comme un hommage à la regrettée Émilie Dequenne, révélée il y a 25 ans dans Rosetta, la Palme d’or des frères Dardenne, et à qui cette 78e édition du Festival de Cannes est dédiée, c’est une belle inconnue qui brille dans la lumière. En recevant le prix de la meilleure interprète féminine, Nadia Melliti fait une entrée fracassante dans le métier. Sa récompense vient confirmer le choc de sa première apparition à l’écran dans La Petite dernière, le troisième long-métrage de l’actrice Hafsia Herzi, adapté du roman autobiographique de Fatima Daas, publié en 2020.

Le récit de l’émancipation sexuelle et sentimentale d’une jeune homosexuelle et musulmane de banlieue. En quatre saisons, l’adolescente à casquette va découvrir la fac de philo et le Discours sur la servitude volontaire d’Étienne de la Boétie (« égaux parmi les égaux »), la Gay Pride, les sites de rencontre, les bars lesbiens parisiens (Mutinerie, Rosa Bonheur), la sensualité et le grand amour en même temps que le chagrin d’amour.

Repérée par un casting sauvage

Nadia Melliti n’avait jamais fait de cinéma avant de tourner La Petite dernière. L’étudiante de 23 ans en STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives) se baladait dans les rues de Paris quand elle a été repérée. « On a fait un double casting conséquent, de professionnels et non-professionnels, pendant plus d’un an dans plusieurs villes, raconte Hafsia Hersi pour expliquer comme elle a déniché Nadia Melliti. Au fil du temps, je recevais des photos de la directrice de casting, Audrey Gini. Quand je suis tombée sur elle, j’ai fait “Waouh !”. Mais je pensais qu’elle était métisse, et non maghrébine, comme requis. Elle a été filmée la première fois les cheveux masquant son visage. Deux semaines après, elle a été rappelée. Et il y a eu un problème de caméra. Elle a fini par venir passer des essais. À ce moment, je donne zéro indication. Ils arrivent et improvisent sans savoir quels personnages ils joueront… Quand je l’ai rencontrée, j’ai été frappée d’émotion sans avoir eu besoin de beaucoup échanger. Elle m’a un peu parlé, de ses études notamment, et en sortant de la pièce, de dos, j’ai compris que ça serait elle. Comme une sorte de coup de foudre artistique. J’ai vu le personnage dans chacun de ses gestes et j’ai pu le projeter sur elle. Elle parlait arabe couramment. J’ai aimé son aura, son mystère… Elle m’a fait penser à une divinité égyptienne. Je rêvais d’une rencontre comme ça, car le film repose en entièrement sur elle. Dès que j’ai posé la caméra sur elle, quasi instantanément, j’ai su à 100% que tout était là et qu’elle irait au-delà de ce que j’imaginais. Elle est fiable, mature, intelligente et faite pour ça. »

Hafsia Herzi, révélée à l’âge de 20 ans par Abdellatif Kechiche dans La Graine et le Mulet, est désormais la Pygmalion d’une jeune femme à l’éclosion.