Etteliot, la jeune pousse nantaise qui veut «renverser le monde des toilettes»
Le Figaro Nantes
Etteliot. En remettant les syllabes à l’endroit, le lecteur comprendra d’emblée l’univers de cette jeune pousse nantaise créée en 2020. Avec ses «toilettes magiques», Alexandre Evrard, l’un des deux fondateurs, compte bien «renverser le monde des toilettes» en transformant l'urine... en brouillard. Le concept a d’abord été imaginé pour les utilisateurs de camping-car et autres véhicules de loisir, contraints d’effectuer une vidange tous les deux jours. L’entreprise vient d’annoncer une levée de fonds de 1,4 million d’euros. Parmi ses investisseurs, y figure notamment la société BAMBOO, qui a par le passé investi dans des projets à succès, tel que Jho, connue pour ses protections hygiéniques naturelles et éthiques, ou encore Shopopop, ce service de livraison en cotransportage. Un destin dont rêve la start-up née il y a quatre ans.
Avec ses «toilettes autonomes et durables» Etteliot propose «une technologie qui traite tout sur place, sans utiliser de mauvais produits», d’où leur caractère «magique». «Elles n'utilisent pas d'eau, pas de raccordement, pas de produit chimique, pas de vidange, pas de stockage, pas de compostage», énumère le cofondateur, joint par téléphone. Concrètement, grâce à un boîtier alimenté par un petit panneau solaire et une batterie, la technologie vient pomper l’urine, la nettoie avec un procédé d’électrolyse, et une fois traitée, la rejette sous forme de brouillard à l’extérieur des WC. Vendue à 950 euros, cette innovation brevetée fonctionne pour les toilettes à séparation, divisant les matières liquides et solides. Un boîtier pour les matières fécales est également en cours de réalisation.
Vente à l’étranger
Unique, la technique a été développée par Alexandre Evrard, ingénieur franco-allemand, et Gustav Sievers, chercheur en sciences de l'environnement et docteur en électrochimie en Allemagne, où les deux passionnés de sport de glisse se sont rencontrés. Ensemble, ils partaient souvent faire de la planche à voile, en van. Ils se sont vite aperçus que les toilettes se faisaient rares et peu fréquentes. D’où l’idée de concevoir quelque chose. Si l’idée a germé dès 2016, c’est finalement en 2020, au moment du Covid, que les deux associés se sont lancés.
Initialement, ils visaient le marché des véhicules de loisirs, en pleine croissance. «Beaucoup de salons et communications se sont développés», se souvient Alexandre Evrard à propos de la période succédant au confinement. L’avantage de cette cible est de toucher aussi bien des particuliers, que des revendeurs, aménageurs et grands groupes. Mais Etteliot ne se résume pas à cela et travaille aussi avec le secteur du BTP : par exemple, elle a équipé une grue sur l’île de Nantes. Des fabricants de micromaisons («Tiny Houses») américains, suédois ou suisses sont également intéressés. 40% du chiffre se fait d’ailleurs à l’export. Enfin, certains fabricants de toilettes sont aussi acheteurs. La solution n’est toutefois pas adaptée à de grandes quantités et peut recueillir jusqu’à 4,8 litres de liquide par jour, soit l’équivalent de deux adultes et deux enfants.
J'ai commencé la société avec un euro
Alexandre Evrard, cofondateur de Etteliot
Huit salariés travaillent au sein de la société nantaise, accompagnée par Atlanpole et l’incubateur de projets technologiques innovants IMT Atlantique. Alexandre Evrard, qui s’est retrouvé à Nantes par hasard après un saut en Vendée, salue l’accompagnement entrepreneurial de l’écosystème nantais, tant au niveau des réseaux que des conseils. À 36 ans, c’est la première entreprise qu’il monte. «Quand ma grand-mère est partie, elle ne m'a pas légué de lingot d'or. J'ai commencé la société avec un euro. Il y a trois ans, j'étais seul et je ne me payais pas. Aujourd’hui, Etteliot arrive à faire vivre huit familles ». Un beau défi pour ce patron soucieux de créer un modèle durable, tant économiquement qu’écologiquement et socialement. Il aimerait que les pays en voie de développement puissent bénéficier un jour de son invention.